Jean-François Regnard

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Auteur dramatique français (Paris 1655 – Château de Grillon, près de Dourdan, 1709).

Fils de riches marchands, il mena une vie aventureuse, qu'il sut conter agréablement : il fut esclave à Alger, puis parcourut la Laponie en 1681-1682 (Voyage en Flandre, en Hollande, en Danemark et en Suède, 1731). De retour à Paris, devenu haut magistrat, il fonda en 1699 dans son château, près de Dourdan, une société spirituelle et légère « consacrée à Bacchus ». Homme à femmes, Regnard répondit à la Satire X de Boileau (Contre les femmes) en enterrant de façon prématurée son auteur (le Tombeau de M. Boileau-Despréaux) et en publiant Arlequin, homme à bonnes fortunes (1690), comédie qui connut un grand succès. Ainsi commença sa carrière d'auteur de théâtre ; il s'illustra dans divers genres : la « grande » comédie de caractère (le Joueur, 1696, ou comment un vice peut faire d'un « homme sans qualité » une figure du destin ; le Distrait, 1697), les arlequinades (petites pièces en un acte mêlées de chansons : Attendez-moi sous l'orme, 1694 ; la Foire Saint-Germain, 1695 ; le Bal, 1696). Il reste surtout l'auteur du Légataire universel, suivi de la Critique du légataire (1708), comédie d'intrigue virtuose à l'italienne. Héritier du Molière des Fourberies de Scapin, le théâtre de Regnard, peu psychologique, vaut par sa fantaisie et sa verve (« Un vaudevilliste qui a du style », Lanson). Content du monde et volontiers cynique, Regnard fut haï de Rousseau.