Lyn Hejinian

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Poétesse américaine (San Francisco 1941).

La carrière de Lyn Hejinian commence avec Une pensée est la promise de quel penser, en 1976, et se poursuit notamment avec Écrire est une aide de la mémoire (1978), le Froid de la poésie (1994) et Ma vie (1980, révisé 1987). S'attaquant au bon sens matérialiste américain, elle cherche les failles philosophiques qui permettraient de l'éradiquer du paysage mental. Son mode lyrique extrêmement original met en jeu une voix désincarnée mais perceptible, non identifiable mais familière, qui souffle au lecteur des éléments qui jamais ne deviennent argumentation cohérente. En lutte contre une poétique utilitaire, elle défie l'interprétation clôturante par le jeu des possibilités dans une langue apparemment limpide, mais en fait toujours ambigüe. Oscillant entre la dénonciation des limites du langage face au réel (les terreurs millénaristes, l'Holocauste, la dictature bureaucratique) et sa réification dans un travail inspiré de Gertrude Stein, Hejinian trace « les longues lignes qui suivent chaque idée, objet, personne, animal, véhicule ou événement ».