Gerhart Hauptmann

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain allemand (Ober-Salzbrunn 1862 – Agnetendorf 1946).

Tourné d'abord vers les arts plastiques, il entama une carrière littéraire couronnée par le prix Nobel (1912). On peut considérer ses drames comme les meilleurs du naturalisme. Dès sa première pièce (Avant le lever du soleil, 1889), il fait sentir sa compassion pour les opprimés. Les Tisserands (1892) évoquent la révolte des ouvriers silésiens en 1844 contre l'introduction du machinisme. L'auteur fait évoluer, face à l'entrepreneur Dreissiger, toute une masse humaine dont la souffrance et la colère sont les moteurs de l'action. La mort de Hilse, seul à ne pas participer à la révolte, donne au drame une dimension existentielle. Florian Geyer( 1896) traite d'un épisode de la guerre des Paysans : dans ces deux pièces, à l'intrigue assez faible, la foule est le personnage principal. Hauptmann est resté fidèle au naturalisme dans de nombreux drames (le Voiturier Henschel, 1899 ; Rose Bernd, 1903 ; Avant le coucher du soleil, 1932). Cette dernière pièce, qui marque l'irruption véritable du naturalisme sur la scène allemande, a pour cadre une famille de paysans silésiens enrichis et rendus oisifs par la découverte du charbon dans leur sous-sol. L'hérédité tient le rôle du destin ; les personnages sont dégénérés, mus par la cupidité, le vice et l'alcoolisme. La fille cadette, Hélène, seul être sans tare, ne peut pourtant pas échapper à la malédiction. Lorsque Loth, l'homme aux bons sentiments et aux discours humanitaires, l'abandonne, par crainte de l'hérédité, elle se donne la mort.

Mais Hauptmann tend peu à peu à opposer à la réalité sordide des images de rêve ou de légende (l'Assomption de Hannele Mattern, 1894 ; la Cloche engloutie, 1897 ; Et Pippa danse, 1906). La même évolution marque son œuvre narrative : le Garde-barrière Thiel (1892) était une nouvelle réaliste. L'Hérétique de Soana (1918) prône le retour à une religion dionysiaque de la nature. Emmanuel Quint, le fou en Jésus-Christ (1910) est imprégné de souvenirs piétistes. Les œuvres de la vieillesse, romans (l'Île de la Grande Mère, 1924 ; Winckelmann, 1954) ou épopées en vers (Till Eulenspiegel, 1927 ; le Grand Rêve, 1942), inclineront à l'expression allégorique.