Harold Pinter
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Auteur dramatique anglais (Londres 1930).
D'abord acteur pour la radio, il aborde l'écriture dès la fin des années 1950 et devient bientôt le maître de la tragi-comédie (l'anglais a créé l'adjectif « pinteresque » pour désigner ce réalisme mystérieux). Admirateur de Dylan Thomas et de Beckett, il tire de son expérience de la difficulté de communiquer un théâtre dominé par le thème de l'espace clos et rassurant, que de mystérieuses forces extérieures tentent perpétuellement de détruire, à travers les mots et les situations quotidiennes. Chez Pinter, l'absurde est un sujet d'étude, non un credo nihiliste. Son théâtre repose sur la circularité : la notion même de « dénouement » paraît dérisoire. Ses premières œuvres, appelées « comédies de la menace », abordent le thème de la précarité sociale : la Chambre (1957), l'Anniversaire (1958) ou le Gardien (1960). Pinter fait s'affronter ses personnages par couples, tortionnaire et victime ; chacun tente de préserver son espace vital menacé par l'arrivée d'un intrus. L'impossibilité de communiquer avec autrui domine sa seconde période, avec des comédies bourgeoises fatalistes (la Collection et l'Amant, 1963 ; le Retour, 1965 ; No Man's Land, 1970 ; Trahisons, 1978). Troués de silences, les discours se juxtaposent sans qu'un dialogue puisse s'établir. Plus récemment, Pinter s'est mis à écrire des œuvres politiques comme Un pour la route (1984) ; Clair de lune (1993) et Ashes to Ashes (1996) s'interrogent sur le rôle de la mémoire. Il a également travaillé pour la télévision et le cinéma, en concevant le scénario de nombreux films (notamment l'adaptation de la Maîtresse du lieutenant français, d'après John Fowles).