Hérodote

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Historien grec (Halicarnasse, v. 480 – v. 420 av. J.-C.).

Né en Carie, exilé d'Halicarnasse, grand voyageur, Hérodote a séjourné à Athènes et il fut l'un des citoyens de Thourioi, colonie panhellénique fondée en 444, à l'initiative de Périclès, en Italie du Sud. Son œuvre a été très diversement reçue dès l'Antiquité : mythologue aux yeux d'Aristote, il est le « père de l'histoire » pour Cicéron (De leg, I, 1, 5) et Plutarque a écrit un traité Sur la malignité d'Hérodote. Hérodote est le premier à avoir traité de l'histoire des hommes exclusivement, des Grecs et des Barbares, en définissant un temps connu, hors des temps héroïques, en critiquant ses sources, avec le but de sauver de l'oubli les réalisations humaines (erga). Remontant aux origines de l'Empire perse pour en arriver aux guerres médiques, l'Enquête, œuvre en prose, divisée à l'époque hellénistique en 9 livres qui portent le nom des Muses, expose les mœurs des Lydiens, des Perses (I, 93-4 ; 131-140), des Égyptiens (II), des Scythes (IV, 1-82), et fait une description du monde jusqu'à ses confins (III-IV), tout en déroulant les événements qui ont précédé la révolte de l'Ionie (V-VI) ; elle fait le récit de l'expédition de Darius contre la Grèce (VI), puis de celle de Xerxès (VII-IX), et nous laisse l'une des peintures célèbres de la bataille de Salamine (VIII, 40-49; 56-96). L'Enquête est une « recherche » (historiè), une exploration du monde, de ses merveilles, et le récit qui en résulte ; elle comprend des unités narratives différentes, avec des exposés « géographiques » et ethnologiques. L'histoire d'Hérodote connaît une double causalité, divine et humaine, et un mouvement de montée et d'abattement successifs qui touche les cités et les hommes ; cette vision s'articule sur une réflexion religieuse, morale et politique où apparaissent les principes de la sagesse solonienne (I, 30-33 ; 86-88). Enfin, l'Enquête témoigne des préoccupations et des modes de pensée de la seconde moitié du ve siècle : elle offre une représentation du monde, donne un débat sur les régimes politiques (III, 80-83), pose la relativité des usages ou des lois, à travers une peinture de l'altérité en « miroir ».