Gustave Roud
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Poète et traducteur suisse de langue française (Saint-Légier, Vaud, 1897 – Carrouge 1976).
Le plus discret des poètes romands fut l'ami de Ramuz, de Béguin, de Chappaz, d'Auberjonois et le maître vénéré de toute une génération de jeunes écrivains romands (parmi lesquels Jaccottet, Chessex, Perrier). Après sa licence en lettres à l'université de Lausanne, il participa activement à la vie culturelle de son pays (collaboration à Aujourd'hui, aux éditions de la Guilde du Livre, aux Cahiers vaudois), se fit traducteur (Hölderlin, Rilke, Novalis, Georg Trakl) et arpenta incessamment son pays (Petit Traité de la marche en plaine ; Essai pour un paradis, 1932), se plaisant à observer les paysans, faucheurs et moissonneurs, ou les ouvriers et les soldats dont il se sentait irrémédiablement séparé : dans ses Écrits (3 vol., 1978), il médite, adoptant, après quelques tentatives versifiées, une prose poétique ample, harmonieuse et musicale, sur la vie telle qu'elle se passe sous ses yeux – déplorant à la fois la perte du monde rural d'autrefois, sa lenteur, sa plénitude un peu fruste, et proposant, par le truchement d'une autoréflexion constante aussi consciente que possible des potentialités de la langue, une fusion poétique avec ce monde tant aimé (Requiem, 1967 ; Campagne perdue, 1972).