Hervé Guibert

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain français (Saint-Cloud 1955 – hôpital de Clamart 1991).

Son ami Michel Foucault disait de lui qu'il ne lui arrivait que des choses fausses, sans doute parce que son œuvre a exploré jusqu'à la limite le rapport de la fiction et de la réalité. Si le fantasme nourrit la vie (la Mort propagande, 1977 ; Vous m'avez fait former des fantômes, 1987, marqué par sa lecture de Bataille, de Sade, et de Guyotat ; Mon valet et moi, 1991), la vie l'amour, le corps, puis la lutte contre la mort et le sida est la matière aussi bien de son journal intime (le Mausolée des amants : journal, 1976-1991, posth., 2001) que des récits le plus souvent issus de celui-ci : À l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie (1990), qui le révéla au grand public et fit scandale par ses révélations sur la mort de M. Foucault, le Protocole compassionnel (1991), l'Homme au chapeau rouge (posth. 1992), Cytomégalovirus (posth. 1992), récit d'une agonie au jour le jour. Œuvre « barbare et délicate », portée par l'obsession de « tout dire » (« le sida aura été pour moi un paradigme dans mon projet de dévoilement de soi et de l'énoncé de l'indicible »), sans complaisance pour lui-même ni pour ses proches parents ou amis (Mes parents, 1986 ; Fou de Vincent, 1989) , mais sans pathos ni sentimentalisme, noire et violente mais aussi empreinte de gaieté ou de poésie légère, dont la crudité minutieuse, la simplicité et la limpidité doivent beaucoup à la photographie que Guibert pratiqua et commenta (l'Image fantôme, 1981 ; le Seul Visage, 1984 ; la Photo, inéluctablement, recueil posthume de ses critiques parues dans le Monde, 2001). Il fut aussi vidéaste et coscénariste, avec Patrice Chéreau, de l'Homme blessé (1983).