Graham Greene
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Romancier anglais (Great Berkhamstead, Hertfordshire, 1904 – Vevey, Suisse, 1991).
Fils d'instituteur, journaliste au Times puis au Spectator, agent du Foreign Office durant la Seconde Guerre mondiale, catholique depuis 1926, il débute par des récits de voyage. Dans ses romans, l'exotisme de la misère matérielle et spirituelle traduit une géopolitique proche de celle de Conrad. Dans la Puissance et la Gloire (1940), un prêtre déchu et ivrogne assume jusqu'au martyre son ministère dans un Mexique révolutionnaire qui persécute l'Église. Dans le Fond du problème (1948), un représentant de la loi, rongé par l'angoisse et l'ennui en Afrique occidentale, se suicide pour laisser place nette à l'amant de sa femme. Greene est hanté par l'impuissance tragique de la foi face à l'absurdité de la déchéance. Il s'attache à des êtres ambigus, tel Pinkie Brown, gangster catholique dans le Rocher de Brighton (1938) : sous les apparences d'un roman policier réaliste, il s'agit en fait de peindre le déchaînement de la violence dans un monde où prévalent le mal et le désespoir. Assoiffés de pureté ou ravis de leur damnation, ses héros tentent d'arracher les autres à la corruption dans un climat de drame ou de farce (le Troisième Homme, 1950 ; Notre agent à la Havane, 1958). Mais, entraînés par la pitié et la pitié d'eux-mêmes, ils s'enlisent dans le péché. Dans ses derniers romans (Voyage avec ma tante, 1969 ; le Consul honoraire, 1973 ; Monsignor Quichotte, 1982 ; le Capitaine et l'Ennemi, 1988), la quête de l'identité individuelle remplace celle de l'identité en Dieu, mais toujours avec en toile de fond la lutte de la foi et du doute.