Gotthold Ephraim Lessing

Gotthold Ephraim Lessing
Gotthold Ephraim Lessing

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain allemand (Kamenz, Saxe, 1729 – Brunswick 1781).

Critique et polémiste, théoricien des arts et de la littérature, auteur dramatique éminent, il est à la fois le plus grand écrivain de l'Aufklärung et l'initiateur du classicisme allemand. Fils de pasteur, il s'installa après ses études comme journaliste à Berlin et prit part à la guerre de Sept Ans. Il devint le critique attitré du Théâtre national à Hambourg (1767-1770), puis bibliothécaire du duc de Brunswick à Wolfenbüttel. Dans son œuvre, critique et théorie des arts sont étroitement liées (articles pour la revue Literaturbriefe ; Hamburgische Dramaturgie ; Laokoon, 1766-1768). Passionné pour la scène, Lessing part en guerre contre Gottsched pour définir un théâtre plus conforme au génie national allemand, plus proche de la nature et de la réalité quotidienne. Ses modèles sont Shakespeare et Diderot, dont il traduit les drames. Relisant Aristote, il ne garde que la règle de l'unité d'action et donne pour fin aux sentiments tragiques l'élévation morale du spectateur. Auteur dramatique, il donne après plusieurs comédies avec Miss Sara Sampson (1755) un premier exemple de tragédie bourgeoise. Dans Minna von Barnhelm (1767), le commandant prussien von Tellheim, atteint dans son honneur par des accusations sans fondement et se croyant ruiné, renie sa fiancée, la Saxonne Minna von Barnhelm. Minna doit recourir à un stratagème pour le ramener à elle et tout se termine bien grâce à une intervention du roi. Cette pièce est la première de la littérature allemande à prendre pour cadre la réalité contemporaine (la fin de la guerre de Sept Ans). Avec Minna, Lessing crée un comique nouveau, loin de la sensiblerie de la comédie larmoyante. Dans Emilia Galotti (1772), un thème tragique antique fournit le sujet d'un drame social moderne. Avec Nathan le Sage (1779), poème dramatique écrit en pentamètres iambiques, Lessing fait un pas de plus vers le classicisme. Une intrigue groupe autour du Juif Nathan des représentants du christianisme et de l'islam et démontre que la vraie religion est d'essence morale – démonstration que résume la parabole des trois anneaux (tirée du Décaméron de Boccace) : il est impossible de reconnaître l'anneau d'origine de ses deux imitations, mais celui qui se conforme aux exigences de la morale sera en possession de l'anneau authentique. Ce plaidoyer pour la tolérance peut aussi être rangé parmi les écrits de Lessing sur la religion, à côté des articles de polémique contre l'orthodoxie luthérienne, les Anti-Goez (1778), ou d'opuscules comme les Dialogues maçonniques (1778) ou l'Éducation du genre humain (1780) : tentant de concilier foi et raison, révélation et Histoire, il voit dans les religions révélées les étapes successives de l'humanité en marche vers un idéal de perfection morale ; la vérité d'une religion réside dans le progrès qu'elle fait accomplir au monde. On a pu se demander si Lessing croyait en un Dieu personnel, et certains, comme Jacobi, l'ont taxé de spinozisme. Parmi ses œuvres importantes, il faut aussi retenir la Dramaturgie de Hambourg, recueil d'articles critiques écrits en 1767-1768 pour le Théâtre national de Hambourg et publiés en deux volumes en 1769. Lessing y dépasse en effet le cadre étroit des comptes rendus des représentations et s'y livre à une réflexion générale sur le théâtre. Il reproche avec violence à la tragédie française de présenter des héros trop éloignés, par leur grandeur ou leurs vices, de l'humanité moyenne et incapables, pour cette raison, d'inspirer pitié et crainte au spectateur. Pour la comédie, il distingue entre le ridicule et le comique inhérent à la condition humaine. La Dramaturgie représente une étape décisive dans l'élaboration de l'esthétique classique en Allemagne.

Gotthold Ephraim Lessing
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