Ghana

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Les Achantis sont le peuple le plus important du Ghana et le plus caractéristique d'un ensemble homogène de civilisations du Ghana et de la Côte-d'Ivoire, désignées collectivement sous le nom d'Akan. Les Achantis possèdent une littérature orale très riche et diversifiée. Elle a fait l'objet de nombreuses études et recueils, notamment par le Ghanéen J. H. K. Nketia. La poésie chantée et la poésie tambourinée sont particulièrement à l'honneur, et les genres conventionnels dans ces domaines sont importants. Traditionnellement, les hommes se répartissaient entre diverses associations militaires qui avaient aussi des fonctions de service public, les asafo. Les Achantis font aussi un usage constant et original de leurs innombrables proverbes qu'ils tambourinent, qu'ils insèrent, comme sources d'inspiration, dans la poésie, ou qu'ils associent aux figurines de leurs célèbres poids à peser l'or. Parmi les genres narratifs, on remarque les traditions légendaires qui décrivent une histoire glorieuse, et un cycle particulièrement développé des contes de l'Araignée, appelée Anansi, personnage à la fois savoureux et mythologique.

Le Ghana, la Gold Coast de l'époque coloniale, fut une pépinière d'intellectuels. Les premiers romanciers ouest-africains sont des gold coastiens dont l'histoire littéraire est en passe de réévaluer l'apport : Marita, or the Folly of love, a novel by a native, roman écrit en anglais par un Gold Coastien est paru en feuilleton à Cape Coast en 1885-1888 ; J. Casely Hayord, avocat gold coastien, écrit en 1908 un curieux roman d'anticipation politique sur la libération de l'Afrique, l'Éthiopie libérée. En 1915 paraît une comédie écrite dans un mélange d'anglais et de fanti, The Blinkards de Kobina Sekyi, qui vaut à son auteur le surnom de B. Shaw ouest-africain. Une abondante littérature locale existe, aidée par le réseau exceptionnel de bibliothèques du pays qui fait sans doute du Ghana le pays le plus alphabétisé de l'Afrique de l'Ouest (R. E. Obeng, Dix-huit pence, 1943, et les nombreux romans de Benibengor Blay).

Le Ghana compte quelques écrivains de talent, au premier rang desquels s'inscrit Ayi Kwei Armah, dont le roman L'Âge d'or n'est pas pour demain (1968) dresse le constat de la faillite de son pays sous le règne finissant de Nkrumah : face à la marée montante de la corruption et de l'arrivisme, son héros anonyme, symboliquement appelé l'Homme, laisse cependant espérer l'aube d'un jour nouveau. Les dernières années de l'« Osagyefo » servent également de toile de fond au roman de Cameron Duodu (The Gab Boys, 1967), qui évoque avec humour les désillusions d'une jeunesse oisive et déracinée, intoxiquée par le cinéma américain dont les héros lui servent de modèles. Le récit en forme de cauchemar de Kofi Awoonor (Cette terre, mon frère, 1971) annonce les expérimentations de Kojo Laing (Woman of the Aeroplanes, 1988). L'œuvre de Ama Ata Aidoo est celle d'un auteur de théâtre (Dilemna of a ghost, 1965) du début des années de l'indépendance, devenue romancière (Our sister Killjoy, 1977), qui porte un regard pénétré de sens historique sur la condition de la femme en Afrique noire.