Georges Schéhadé

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Poète et auteur dramatique libanais de langue française (Alexandrie 1907 – Paris 1989).

S'il se lia d'amitié avec les poètes de la N.R.F. (G. Bounoure, J. Supervielle, Saint-John Perse, qui le publie dès 1930 dans la revue Commerce), sa poésie se place à l'origine dans la mouvance du surréalisme par l'attention qu'il prête au rêve, à la spontanéité, au bourdonnement des mots, à la signification née de leur rencontre inattendue, à la fraîcheur de l'invention juvénile (Poésies, 1938 ; Rodogune Sinne, 1946 ; Poésies II, 1948 ; Poésies III, 1949 ; l'Écolier sultan, 1950). Sa poésie, d'apparence simple, colorée par l'Orient du pays des Rois mages, tend vers le plus grand dépouillement, pour aboutir à l'Anthologie du vers unique (1977), faite du vers préféré de chaque poète français, et au Nageur d'un seul amour (1985). Parallèlement, Schéhadé se fait connaître par son théâtre qui transpose l'univers onirique et fabuleux de ses poèmes. Monsieur Bob'le (écrit en 1938, créé en 1951) fut l'occasion d'une vigoureuse campagne contre la critique routinière, incapable de saisir la rencontre de l'humour et de la poésie moderne. La Soirée des proverbes (1954), Histoire de Vasco et Récit de l'an zéro (1956), le Voyage (1961), l'Émigré de Brisbane (1965), autant de pièces adoptant le ton des légendes pour retrouver le jardin d'enfance au ciel d'enluminure angélique. Il en découle une dramaturgie tendue de rebondissements et de scènes pathétiques, disant paraboliquement les vérités les plus drues. Auteur du scénario de Goha le simple (1956) pour J. Baratier, Schéhadé a adapté l'Habit fait le prince, pantomime d'après G. Keller (1958). En 1986, l'Académie française lui décerne le premier Grand Prix de la francophonie pour l'ensemble de son œuvre.