Frédéric II

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Roi de Prusse et écrivain d'expression française (Berlin 1712 – Potsdam 1786).

Élevé par un précepteur et une gouvernante descendant de Français émigrés après la révocation de l'édit de Nantes, il fut, malgré son père, un grand lecteur de romans ; il découvrit le monde dans le Télémaque de Fénélon et la morale dans Racine. En rapport épistolaire avec Voltaire dès 1736, il le fit venir à sa cour (1750-1753). Il restaura l'Académie de Berlin, devant laquelle il présenta plusieurs mémoires et dissertations, dont De la littérature allemande (1780), critique féroce d'une langue « à demi barbare » et d'écrivains sans consistance qui se passionnent pour les pièces de Shakespeare, « ces farces ridicules dignes des sauvages du Canada » : il ne comprit rien à Goethe et condamna Götz von Berlichingen. Auteur d'Odes exécrables, d'une épopée burlesque (le Palladion), d'un poème didactique laborieux (l'Art de la guerre), Frédéric vaut moins par ses traités historiques (Anti-Machiavel, 1740) que par ses Mémoires (Histoire de mon temps, publiée en 1788), ses petits essais (Examen critique du système de la nature, 1770) ou pamphlets politiques, et sa volumineuse Correspondance. Ce souverain, plus réaliste que philosophe, ne se laissa jamais influencer par ses conseillers littéraires dans les affaires intéressant l'expansion de son royaume.