François Hédelin, abbé d'Aubignac

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain français (Paris 1604 – Nemours 1676).

Petit-fils d'Ambroise Paré, il fut d'abord avocat. Prêtre et précepteur du duc de Fronsac, neveu de Richelieu, il anima (1663-1671) une « Académie des Belles-Lettres » examinant des œuvres philosophiques et littéraires. S'il fut un poète galant, un romancier froidement allégorique (Aristandre, 1644 ; Macarise, 1664) et un dramaturge malheureux avec ses tragédies en prose (la Cyminde ou les deux victimes, 1642 ; la Pucelle d'Orléans, 1642), il fut l'un des critiques dramatiques les plus écoutés et considéré comme l'un des initiateurs du classicisme. Dans sa Pratique du théâtre (1657), entreprise dès 1640 à la demande de Richelieu afin de codifier le tragique français, il cherche à fonder des règles non « en autorité, mais en raison ». Il place à la base de l'esthétique la vraisemblance et les bienséances, clés de voûte de l'écriture classique. Toute vérité n'étant pas bonne à dire, il faut préférer le vraisemblable au vrai. Voulant faire du théâtre un équivalent du réel, Aubignac prône l'illusion mimétique. Il insiste sur l'importance de l'unité de lieu et surtout de l'unité de temps et d'action, fondant ainsi la règle des trois unités. Il étudie les différentes parties de la tragédie et condamne les monologues, puis s'intéresse aux personnages, aux discours et au décor, qu'il désire le plus discret possible, aspirant à un gommage total des processus de production. Il voit dans les tragédies de Corneille la perfection de la dramaturgie classique.