Emmanuel Swedberg, dit Emmanuel Swedenborg
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain suédois (Stockholm 1688 – Londres 1772).
Après des études à Uppsala, puis en Angleterre, cet ingénieur-né invente divers appareils (dont une machine volante dotée d'ailes fixes et propulsée par une hélice), assimile une dizaine de langues (dont l'hébreu et l'araméen), fonde diverses revues qui lui vaudront, sous Charles XII, un poste d'assesseur extraordinaire au Collège royal des mines de Stockholm. Ennobli par la reine Ulrika Eleonora, il prend le nom de Swedenborg. Sa curiosité intellectuelle ne connaît pas de bornes et la liste de ses ouvrages scientifiques est impressionnante. Parmi ceux-ci, Principia rerum naturalium (1734) et surtout Œconomia Regni animalis (1740-41) développent les théories mécanistes et matérialistes de « l'âge des Lumières », dans une perspective teintée pourtant de spiritualité. D'ailleurs, en 1741, il se fait théosophe, parce que la science lui a donné le goût de l'infini. Il a, en 1743, une sorte de révélation, qu'il a consignée dans le Livre des rêves : il lui appartiendra de publier les résultats des communications qu'il obtient « avec les esprits et les anges ». Ce sera donc le célèbre De cultu et amore Dei (1745), puis les Arcana coelestia (1749-1756). Le but est d'écrire, en quelque sorte, une histoire naturelle du monde surnaturel, l'un coïncidant littéralement avec l'autre, tout être créé ayant son double dans le ciel, leçons que Balzac (Séraphita), Nerval et Baudelaire notamment n'oublieront pas.
Devenu célèbre dans toute l'Europe, il ne cesse plus de noter, d'organiser ses visions. De amore conjugiali (1768), traduit et lu partout, lui vaut l'hostilité de l'Église officielle de Suède, qui le déclare hérétique en 1769. Cela n'altère pas sa sérénité. Il mourra le jour même qu'il avait prédit, le 29 mars 1773, à Londres, laissant, en particulier, un Diarium spirituale (publié en 1883), éclairant sa personnalité d'homme de science et de visionnaire. Passionné de religion chrétienne, il s'est appliqué, avec tout son savoir et son génie, à proposer une sorte de progression rationnelle qui permette d'accéder au pur esprit.