Edward Bond
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Auteur dramatique anglais (Londres 1934).
La carrière théâtrale de Bond commence dans les années 1960, sous le signe de la polémique : deux de ses pièces s'attirent les foudres de la censure pour des raisons diverses. Sauvés (1965) montre un bébé lapidé dans son landau par un groupe de voyous, tandis que Au petit matin (1968) attribue à la reine Victoria une relation sexuelle avec Florence Nightingale et la présente comme une cannibale qui mange avec délices ses propres enfants. Tout comme son aîné John Arden, Bond doit beaucoup à Brecht, mais il crée un théâtre épique et poétique, riche en images fortes. Ainsi, Lear (1971) propose une réécriture du Roi Lear de Shakespeare, en poussant au paroxysme une tragédie déjà passablement brutale. Il accompagne généralement ses œuvres de textes théoriques où il s'explique sur ses conceptions dramaturgiques. La provocation, même si elle devient peu à peu moins agressive, vise à susciter chez le public un questionnement salutaire. Bond se penche notamment sur la figure de l'artiste intransigeant marginalisé par une société au conformisme étroit : Bingo (1973) dépeint Shakespeare en visionnaire à l'article de la mort, tandis que le Fou (1975) évoque le destin malheureux du poète-paysan John Clare. Après sa trilogie de « Pièces de guerre » viennent les « Pièces post-modernes », dont la Compagnie des hommes (1990). Ses pièces les plus récentes semblent parfois renouer avec la violence des débuts (Café, 1996 ; le Crime du xxie siècle, 1999) ; même si certains critiques déplorent une relative baisse d'inspiration, Bond jouit aujourd'hui d'une réputation internationale.