Edda poétique
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
On appelle ainsi le manuscrit, découvert en Islande au début du xviie s. et actuellement conservé à Reykjavík, qui contient les grands poèmes mythologiques sur lesquels se fonde notre connaissance des antiquités germano-nordiques. Ce manuscrit date du xiiie s. mais remonte à un original plus ancien d'un siècle. Il tient son nom soit du foyer culturel islandais d'Oddi, au centre de l'île, soit du latin edere, « composer de la poésie ». Les textes qu'il renferme sont d'auteurs inconnus, de dates et d'origines diverses. Si la Völuspá est bien islandaise et date de l'an mille environ, le Hamdismál pourrait remonter au viiie s. alors que des poèmes comme le Ikrymskvida semblent être du xiiie s. Pour le contenu, on distingue habituellement entre poèmes mythologiques, qui mettent en scène Odinn (Grimnísmál), Thórr (Hárbardsljód), Freyr (Skírnisför), Baldr (Baldrsdraumar), poèmes gnomiques comme le Vafprudnísmál, éthiques (Hávamál), satiriques (Lokasenna) ou purement magiques (Gróttasöngr), et poèmes épiques centrés sur Helgi et sur son « successeur » Sigurdr, meurtrier du dragon Fáfnir, dont les exploits sont rapportés par la Völsunga Saga ou le Nibelungenlied. On placera à part la Rígspula, qui propose une justification mythique de la tripartition de la société, le Hávamál, qui résume l'éthique réaliste des Vikings, et la Völuspá, qui retrace l'histoire mythique du monde, des origines au Destin-des-Puissances (Ragnarök). L'ensemble constitue un témoin irremplaçable de l'esprit des anciens Scandinaves, hommes d'action férus de magie et défenseurs d'une conception lucide et dynamique du Destin.