Jean Daive

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain français (Bonsecours, Nord, 1941).

Enfant marqué par des replis autistiques, il n'aura de cesse de retrouver la parole. Lecteur précoce (Artaud, Bataille, Michaux, Kafka, Joyce, Rimbaud) et passionné par les dictionnaires, il devient rédacteur encyclopédiste puis producteur à France Culture. Sa poésie est l'exploration difficile, retorse, d'une langue mineure et essentielle, celle de l'« expérience intérieure » prise dans les « arcanes d'une fascination » pour l'Origine et la Loi. Le roman familial est le lieu d'un combat contre la parole apprise et pour une impossible constitution du sujet. La narration mentale (le Cri-cerveau, 1977) est hantée par le nombre, seul repère face à l'effondrement du sens : Décimale blanche (1967), Monde à quatre verbes (1970), 1 7 10 16 (1974), 1, 2, de la série non aperçue (1975). La parité est une donnée idéale (le 4, obsédant, insiste sur la géométrie, l'achèvement et la perfection : « Former : ajouter un quatrième côté, et fermer »), mais contrariée par l'impair, signe d'infinitude, de manque ou de ratage, qui est aussi l'absolu de l'écriture affrontant la mort des mots hérités et elle-même vecteur de mort. Cette expérience unique dans la poésie moderne « va de la castration à quelque chose de la mort : page après page, cadavre après cadavre. Une liturgie. » (Fut bâti, 1973 ; l'Absolu reptilien, 1975 ; Narration d'équilibre, 1982-1990, long poème en quatre volumes à propos d'un roman qu'il est en train d'écrire et qui deviendra la Condition d'infini, 1995-1998). Créateur et animateur de revues (Fragment, fig., FIN), Jean Daive est également traducteur (Celan, Creeley).