Benedetto Croce

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Philosophe et écrivain italien (Pescasseroli, L'Aquila, 1866 – Naples 1952).

L'œuvre et la pensée de Croce ont dominé la scène culturelle italienne pendant toute la première moitié du xxe siècle. À partir de 1903, la revue La Critica témoigne de son incessante intervention dans les domaines les plus variés de la culture contemporaine. Son œuvre, immense, alterne réflexion théorique et pratique érudite, philosophie de l'histoire et historiographie, esthétique et critique. C'est surtout dans la critique littéraire que Croce a exercé son influence avec notamment Arioste, Shakespeare et Corneille (1920), la poésie de Dante (1921), Poésie et non poésie (1923), Histoire de l'âge baroque en Italie (1929), Essais et Nouveaux essais sur la littérature italienne du xviie siècle (1911-1931). Affirmant l'autonomie de l'art, Croce se propose de distinguer le beau dans chaque œuvre, autrement dit l'expression pure de ses résidus idéologiques. Son influence s'étendait également dans la sphère politique. D'abord indulgent à l'égard du fascisme, Croce se ravise devant le raidissement dictatorial du régime en assumant par la suite une attitude clairement antifasciste. Nombreux opposants à Mussolini se réunissent alors autour de son nom et de ses idées libérales. À partir du Manifeste des intellectuels antifascistes (1925), il est le symbole d'une résistance au fascisme, qui, non militante, mais déterminée, se terminera seulement avec la chute du régime. L'engagement moral de Croce est explicite dans sa philosophie, en particulier dans l'Histoire comme pensée et comme action (1938), où la réflexion sur l'histoire, interprétée comme histoire de la liberté, sert à unifier la vie de l'esprit.