Miron Bialoszewski

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain polonais (Varsovie 1922 – id. 1983).

Il est considéré comme l'un des auteurs majeurs de la poésie linguistique. Il privilégie les registres de langue populaires, familiers, argotiques, recourt volontiers à un langage déficient, tant du point de vue de la communication que de l'esthétique, qui débouche souvent sur une parodie du discours envisagé. La « périphérie » de la culture dans laquelle il inscrit son œuvre, par la forme comme par le fond, tire ses origines des souffrances endurées par le poète lors du soulèvement de Varsovie contre l'occupant nazi qui se termina pour Bialoszewski par des travaux forcés en Allemagne. Il publie ses premières plaquettes de poèmes dès son retour dans une Pologne libérée par un nouvel occupant : le Christ de l'insurrection (1947), le Gothique violet (1949). Réduit à des travaux alimentaires pour échapper au réalisme socialiste, il revient à la vie littéraire en 1956. La Tournure des choses (1956), choix de ses poèmes écrits en marge de la censure stalinienne depuis la guerre, lui vaut un succès considérable. Le Compte velléitaire (1959), les Émotions trompeuses (1961), Ce fut et ce fut (1965) sont autant de recueils de vers remarqués, mais qui laissent la critique polonaise perplexe à cause des transgressions du langage affichées, de l'intérêt manifeste que l'auteur y porte à un individu qui veut rester en marge du monde pour préserver sa liberté. Au cours des années 1960, Bialoszewski abandonne progressivement la poésie au bénéfice de la prose. Ses « petites narrations » sont des tableaux de la vie simple et quotidienne croqués sur le vif. Son œuvre majeure est son roman le Journal de l'insurrection de Varsovie (1970), où il excelle à restituer son histoire personnelle avec des phrases brèves qui se structurent en une suite cohérente qui joue sur les non-dits afin de souligner l'intensité des émotions. Il est aussi l'auteur d'œuvres dramatiques écrites entre 1955 et 1963, publiées sous le titre Théâtre à part.