Benjamin Péret

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Poète français (Rézé, Loire-Atlantique, 1899 – Paris 1959).

Contemporain des surréalistes, il rencontre Breton en 1920 et sera son plus fidèle lieutenant. À ses côtés, il est l'un des témoins des grandes années du mouvement (revues, expositions, mais aussi, de manière plus intérieure, exploration des rêves et du sommeil). Il conçoit la poésie comme un jeu verbal où les mots sont en liberté. L'écriture automatique (c'est aussi le titre d'un recueil de 1929), qu'il pratique plus que Breton, est le lieu de cette subversion joyeuse. Plus que dans Immortelle Maladie (1924), c'est dans le Grand Jeu (1928) qu'il donne sa mesure, sa mouture personnelle, en des textes brefs, déroutants. De derrière les fagots (1934) accorde une grande place à l'humour, à la fantaisie. Jamais chez Péret, le langage ne se sépare d'une joie amusée, drôle, et vivante. Je sublime est en 1936 une célébration de l'amour, dont le titre appelle celui de l'Anthologie de l'amour sublime (1956). En 1936 également paraît Je ne mange pas de ce pain-là, dont le titre est sans doute parodique : il s'agit moins d'un pamphlet politique que d'une célébration de la liberté dans le langage. Il y a dans la politique quelque chose de trop sérieux qui heurte un amoureux de l'humour. Péret passera au total plus de dix ans à l'étranger (au Brésil, où il fondera la Ligue communiste brésilienne, au Mexique), fera sa guerre en Espagne dans les rangs anarchistes (comme il avait fait la Grande Guerre à 16 ans), ce qui ne fera pas pour autant de lui un poète engagé. Car l'œuvre d'art a ses propres exigences esthétiques, irréductibles à la politique, ce que dira le fameux Déshonneur des poètes (1945), réponse cinglante au collectif l'Honneur des poètes de 1943 et texte central dans la réflexion sur l'engagement de l'œuvre d'art, qui traduit alors exactement les vues de Breton : la poésie a son ordre propre. Le livre fera grand bruit en des années qui s'ouvrent à l'engagement et à l'existentialisme. Les voyages rapprocheront Péret des mythes. Il traduit en 1955 le Livre de Chilam Balam. Entre-temps, et alors qu'il reprend des textes antérieurs en accordant une grande place à leur choix, Péret, se réinventant, s'ouvre à une forme neuve, plus ample, plus narrative : de Dernier Malheur dernière chance (1946) à Air mexicain (1952), en passant par Toute une vie (1950), ces ensembles disent la vie au Mexique et mènent une réflexion, qui fut celle de tout le surréalisme, sur l'être sauvage, premier, c'est-à-dire mexicain. C'est alors au double titre de témoin privilégié du surréalisme, voire de polémiste et de praticien des images que Péret retient l'attention. Des membres fondateurs du surréalisme, il est celui qui n'en a jamais trahi l'esprit.