Johannes Robert Becher

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain et homme politique allemand (Munich 1891 – Berlin 1958).

Fils de magistrat, Becher collabore en 1911-1912 à des revues expressionnistes (Die Aktion, Die neue Kunst). Enthousiasmé par la révolution russe de 1917, il adhère au parti communiste allemand dès sa fondation en 1919. Contraint à l'exil sous le iiie Reich, il passe dix ans en U.R.S.S. (1935-1945). De retour en Allemagne, il joue un rôle important dans la vie culturelle de la zone d'occupation soviétique (il fonde les éditions Aufbau et la revue Sinn und Form), puis de la R.D.A. Auteur de l'hymne national du nouvel État, il y occupe de nombreuses fonctions officielles : il sera ministre de la Culture à partir de 1954. Si son itinéraire politique a été d'une parfaite continuité, il n'en est pas de même de son évolution littéraire. Becher a été un des expressionnistes les plus violents, tant dans sa condamnation du monde bourgeois que dans ses évocations d'un univers nouveau, plus humain et plus fraternel, puis dans ses appels à la révolte et à la lutte. Son style haletant, heurté, affectionne les interjections, les néologismes, violente la syntaxe (Celui qui se débat, 1911 ; Terre, 1912 ; la Grâce d'un printemps, 1912 ; À jamais en révolte, 1920). À l'opposé, le Becher de l'exil et du retour apparaît apaisé, « classique », soucieux de ne pas choquer. Il préfère les formes rigoureuses (le sonnet) ou simples et populaires (Volkslied) ; il exalte l'héritage culturel de l'Allemagne et prêche le réalisme socialiste. Le premier Becher fut avant tout poète (Écroulement et Triomphe, 1914 ; À l'Europe, 1916 ; Péan contre le temps, 1918), le second a publié également des romans, des souvenirs, un journal (Un si grand espoir d'une autre manière, 1951), des volumes d'aphorismes, d'essais et de discours sur la politique et la littérature.