Henry Bauchau

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain belge de langue française (Malines 1913-Louveciennes 2012).

La guerre marque l'enfance de ce garçon introverti. Étudiant idéaliste, Bauchau milite dans le catholicisme social des années 1930-1940. Après 1945, il choisit l'exil et entreprend à Paris une expérience décisive : une longue psychanalyse avec celle qu'il transposera comme « la Sibylle ». Grâce à elle, il devient « écrivain par espérance » et compose ses premiers vers. Peu d'œuvres ont été élaborées à ce point en parallèle à la reconstruction d'un moi. Ici constamment s'imbriquent exploration de l'inconscient et recherche d'une expression littéraire. Le premier recueil poétique, Géologie, paraît en 1958 ; il a été précédé, en 1954, d'un drame puissant, Gengis Khan, monté par la toute jeune A. Mnouchkine. 1951 est une année de rupture : devant interrompre son analyse, Bauchau part fonder un collège international à Gstaad. Il enseigne, poursuivant à côté une œuvre de poète à l'expression de plus en plus maîtrisée, dont l'inspiration s'ouvre aux terres et aux récits légendaires, même si l'Escalier bleu (1964) renoue avec l'introspection. Mais ce sont deux romans qui vont attirer l'attention : en 1966, la Déchirure, poignant récit rhapsodique de l'agonie d'une mère, en contrepoint de souvenirs d'enfance, puis, en 1972, le Régiment noir où s'entrecroisent western historique et reconstruction mythique d'une figure de père. En 1975, Bauchau, qui a dû fermer son institut, retourne à Paris, où il va travailler dix ans comme psychothérapeute de jeunes, tout en continuant à publier. La rencontre avec l'éditeur H. Nyssen est un tournant : désormais ses œuvres seront publiées par Actes Sud, qui reprend l'ensemble de sa Poésie (1987). La montée soudaine de la notoriété accompagne alors de somptueux récits inspirés librement des mythes grecs, par lesquels l'écrivain, désormais célébré dans son pays natal (réception à l'Académie royale de littérature), trouve enfin la consécration internationale : Œdipe sur la route (1990), Diotime et les lions (1991), Antigone (1997), enfin, rencontrent un vrai succès critique et public (le Boulevard périphérique, 2008). Bauchau, traduit dans le monde entier, a trouvé sa formule avec la sérénité du grand âge.