Bai Juyi ou Bo Juyi

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Poète chinois (772 – 846).

De son vrai nom Bai Letian, il fut l'un des plus grands poètes chinois et sans aucun doute le plus prolixe écrivain de la dynastie Tang (618-907). Contrairement à beaucoup de ses contemporains, il attacha une grande attention à la transmission de ses écrits, qui comptent, outre un grand nombre de textes en prose très influencés par le bouddhisme chan (zen) vers lequel il se tourna à partir de 815, pas moins de 3 000 poèmes dont les deux tiers au moins sont des huitains réguliers (lüshi). Les fonctions administratives, toujours mineures, qu'il occupa après son succès au doctorat à 28 ans, ne parvinrent jamais à le détourner de son souci premier, l'écriture. Il acquiert la célébrité de son vivant avec le Chant des regrets éternels (806), le plus célèbre poème chinois, qui narre en 120 vers la passion tragique de l'empereur Xuanzong des Tang pour sa concubine Yang Guifei. Tout aussi connue est sa longue Ballade du luth (816) dans laquelle il décrit avec une émotion communicative la sombre destinée d'une ancienne courtisane de la capitale. Reconnaissance méritée car, tout fin lettré qu'il fut, amoureux de la prose classique comme des genres à la mode, Bai Juyi prenait garde à composer ses poèmes, teintés pour la plupart d'un réalisme poignant, dans une langue simple et directe ne répugnant jamais à user de la langue parlée. Il était très apprécié des femmes, notamment des courtisanes, et des gens simples car il décrivait leur vie. Voir en lui un poète libertin serait un contresens, car, tout comme Du Fu (712-770), Bai Juyi fut sincèrement concerné par les injustices qui touchaient ses contemporains : mandarin, il tâcha d'y remédier ; poète, il ne cessa de les dénoncer.