Jane Austen

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Romancière anglaise (Steventon 1775 – Winchester 1817).

Fille de pasteur, elle mène à l'ombre de ses frères une vie de vieille fille rangée. En 1795, après de nombreuses tentatives littéraires, elle se lance dans son premier grand texte de fiction, un roman épistolaire intitulé Elinor et Marianne. Elle commence en 1797 Premières Impressions, qu'elle garde également par-devers elle. En 1803, elle vend à un éditeur le manuscrit de Susan, mais cette parodie de roman gothique ne paraîtra qu'à titre posthume en 1818, sous le titre l'Abbaye de Northanger. Il faut attendre 1811 pour que soit enfin publié un de ses romans, à ses frais et sans nom d'auteur : Raison et sentiments est une révision d'Elinor et Marianne. Le succès alors rencontré la pousse à réviser Premières Impressions, qui devient Orgueil et préjugés (1813), où beaucoup voient son chef-d'œuvre. En 1814, Jane Austen publie, cette fois sous son nom, Mansfield Park. En 1816, Emma est le quatrième et dernier roman qui paraît de son vivant ; y sont retracées les manipulations d'« une héroïne que je serai la seule à aimer vraiment ». Comme l'Abbaye de Northanger, Persuasion sera publié à titre posthume en 1818. « Trois ou quatre familles dans un village de campagne, voilà le sujet idéal » : cet aveu n'étonne guère, de la part de celle qui se considérait comme une miniaturiste. On l'a d'ailleurs accusée de se limiter à la peinture des classes aisées, avec quelques figures aristocratiques à l'arrière-plan. Les événements contemporains (Révolution française, guerres napoléoniennes) semblent se dérouler bien loin de l'univers très féminin de Jane Austen. Le mariage est la préoccupation centrale des jeunes filles présentes dans ses romans, d'où sont exclus action et description, au profit de la seule étude psychologique. Dîners, bals, promenades, séjours à Londres : tels sont les rares événements qui viennent animer l'existence de ses héroïnes. Jane Austen dépeint les relations complexes qui se tissent au sein de la société, fondées sur des motifs plus ou moins honorables (ambition, convoitise, avarice...). On a fréquemment souligné la finesse de sa technique narrative qui, sans asséner aucune vérité, permet au lecteur de tirer les conclusions qui s'imposent sur chacun des personnages, tels qu'ils se perçoivent les uns les autres. Le snobisme et l'égoïsme sont condamnés de manière implicite mais claire. L'ironie de la narratrice vient souligner la vanité de certitudes qui s'écroulent lorsque les personnages ouvrent les yeux sur leurs propres illusions. Cette finesse lui valut l'admiration de quelques romanciers victoriens, mais il fallut attendre le xxe siècle pour que Jane Austen soit reconnue comme l'un des piliers de la littérature anglaise.