Arbeiterliteratur

(littérature ouvrière)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

La littérature ouvrière fut, dès ses débuts, étroitement liée au mouvement ouvrier et se considéra toujours comme un moyen d'expression au service de la lutte des classes. Par opposition à cette conception, la critique universitaire a développé la notion de Arbeiterdichtung (« poésie ouvrière »), désignant ainsi quelques auteurs de poèmes lyriques et de romans autobiographiques. On peut distinguer les périodes suivantes dans l'histoire de la littérature ouvrière : de 1863 (date de la fondation du Arbeiterbildungsverein par Lassalle) à 1914, se développent une poésie de propagande et un théâtre didactique inspirés de la théorie marxiste. La littérature ouvrière de guerre se partage entre le pacifisme internationaliste et une tendance prônant une « nouvelle communauté nationale ». La scission du mouvement ouvrier (1918-1919) provoque deux courants : l'un social-démocrate, l'autre communiste (Alliance d'écrivains prolétaires et révolutionnaires), d'abord marqué par la Proletkult soviétique. Pendant la période national-socialiste, la plupart des écrivains ouvriers sont contraints à l'exil, mais une partie des « poètes ouvriers » se rallie au iiie Reich. En R.D.A., les écrivains ouvriers accèdent au rang de classiques. À la conférence de Bitterfeld (1959), l'ouvriérisme littéraire est érigé en doctrine officielle. En R.F.A. la littérature ouvrière se remanifeste en 1961 par la création du Groupe 61, proche de la confédération syndicale DGB. En 1970 se forme le Werkkreis 70, d'inspiration d'extrême gauche. Depuis les années 1980, une littérature de l'immigration prend le relais.