Andrée Chedid
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain de langue française (Le Caire 1920-Paris 2011).
Elle passe son enfance au Liban et vit à Paris depuis 1946 ; elle écrit des poèmes d'abord en anglais, puis en français. La poésie est pour elle un rempart contre la brutalité du monde, et le lieu d'un équilibre entre le mot et le silence ; il s'agit de voir au-delà du monde (Par delà les mots, 1995) et au-delà du visage (Seul le visage, 1960 ; Visage premier, 1972) pour en soustraire quelque chose à la mort, thème omniprésent dans l'œuvre. Ses romans sont marqués par la recherche des racines (la Maison sans racines, 1985) et le désir de retrouver la compassion dans un monde fragile : le Sixième Jour (1960) raconte le combat d'une vieille femme pour sauver son petit-fils du choléra ; Petite Terre, vaste rêve (2002) rassemble de courts récits qui montrent l'éparpillement des conditions humaines. Le roman est aussi une tentative pour dégager la dimension mythique du quotidien (Nefertiti, 1974 ; la Femme de Job, 1993). Avec l'Enfant multiple (1989), qui illustre la recherche du bonheur d'un enfant d'origine à la fois musulmane et chrétienne, le thème de la violence et de la mort, sur fond de guerre au Moyen-Orient, devient plus obsédant. Message (2000) raconte lyriquement la tragédie de la guerre, à travers la tentative d'une jeune fille blessée dans le dos pour rejoindre un homme. On ne peut cependant parler d'engagement politique ni d'une écriture de l'exil : l'auteur tente de saisir la dimension humaine comme un espace de recueillement toujours menacé par la guerre, la maladie, la mort, mais toujours rempli d'espoir, dans la grande tradition humaniste.