Jacques Amyot

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain français (Melun 1513 – Auxerre 1593).

Amyot est le seul écrivain français qui doive l'essentiel de sa réputation à son activité de traducteur. Issu d'une famille de bourgeois et d'artisans, le jeune Amyot fit ses études à Paris, au collège fondé par le cardinal Lemoine. Reçu maître ès arts en 1532, il suit au Collège royal les cours de Vatable, Danès, Toussain et Oronce Finé. En 1535, Jacques Colin, lecteur du roi François ier, lui confie le préceptorat de ses enfants. Amyot s'installe alors à Bourges, où il fonde une école, avant d'obtenir, en 1536, dans la même ville, un poste de lecteur de grec à l'université, qu'il conservera jusqu'en 1546. En 1547, il présente sa traduction de l'Histoire éthiopique d'Héliodore à François ier, qui lui confie celle de Plutarque. Cette mission le conduit, de 1547 à 1552, à parcourir les bibliothèques italiennes pour s'y livrer à de longs et minutieux travaux destinés à établir le texte des Vies. À son retour, il donne, en 1554, une traduction de Sept Livres des Histoires de Diodore, à laquelle succèdent les honneurs : chargé, en 1557, de l'éducation des ducs d'Orléans et d'Anjou (les futurs Charles IX et Henri III), il est, en 1560, nommé grand aumônier de France, puis, en 1570, évêque d'Auxerre. C'est l'époque où il donne, outre la traduction, en 1559, des Amours pastorales de Daphnis et Chloé de Longus, ses fameuses traductions des Vies des hommes illustres (1559) et des Œuvres morales et mêlées (1572) de Plutarque.

Les traductions d'Amyot sont un des chefs-d'œuvre de l'humanisme érudit. Elles occupent aussi une place importante dans l'histoire des lettres françaises : signalons, entre autres, l'influence déterminante que ses traductions de Plutarque exercèrent sur Montaigne (« c'est notre bréviaire », Essais, II, IV) et les moralistes classiques, et celle, plus durable encore, que ses traductions des romans grecs eurent, par les modèles narratifs qu'elles fournirent, sur les romans de la seconde moitié du xvie et du xviie s.

Son Projet d'éloquence royale, composé entre 1570 et 1580 (il ne sera publié qu'en 1805) à l'intention d'Henri III et en liaison avec les travaux de l'Académie du Palais, transpose le De elocutione de Démétrios de Phalère, à travers les commentaires de Pietro Vettori, en l'associant à la tradition pétrarquiste de la Cour : Amyot a par là contribué à fonder l'humanisme de cour français et à fixer la ligne d'évolution du langage de cour au xviie s.