Roman d'Alexandre

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

On réunit sous ce titre des récits composés à partir du début du xiie siècle en laisses épiques et dont la source principale est un récit grec du iiee siècle attribué au pseudo-Callisthène, traduit en latin par Julius Valerius ; il en existe un résumé, l'Epitomé, daté du ixe siècle. La plus ancienne version, dont il ne reste que les 105 premiers vers, est d'Albéric de Pisançon (avant 1130). Elle a été tour à tour remaniée et amplifiée par un auteur anonyme poitevin (version en décasyllabes vers 1160) puis par Lambert le Tort de Chateaudun, qui a composé une longue continuation en vers de douze syllabes (1170) ; la forme la plus aboutie est le remaniement d'ensemble rédigé par Alexandre de Paris (après 1180), également en vers « alexandrins ». On distingue dans cette version quatre branches. La première conte l'enfance du héros et ses premières conquêtes ; la seconde est le récit d'une razzia menée dans la région de Gaza ; la troisième, la plus longue, va de la conquête de la Perse et de l'expédition en Orient puis en Inde à l'empoisonnement du héros à Babylone ; la quatrième est consacrée à sa mort, à ses funérailles, au partage de son empire. Ces différentes branches oscillent en des proportions diverses entre la tonalité épique, les aventures et éléments merveilleux, et la dimension romanesque d'un héros épris d'absolu, riche des leçons d'Aristote, avide de comprendre et de découvrir autant que d'organiser ses conquêtes et prenant peu à peu conscience des limites de son action sur le monde. Une riche iconographie, encore plus développée dans la version du Roman de toute chevalerie de Thomas de Kent (vers 1175), fait une large part aux aventures merveilleuses (voyage dans le ciel, dans la mer) et aux monstres et merveilles de l'Orient et de l'Inde (les femmes aquatiques et les femmes-fleurs, les trois fontaines magiques, les arbres du Soleil et de la Lune. De nombreuses continuations ont été composées dès la fin du xiie siècle comme la Vengeance Alixandre, la Prise de Defur, les Vœux du paon de Jacques de Longuyon. Au xve siècle, à la cour de Bourgogne surtout, Alexandre, l'un des douze preux, devient le plus noble représentant des valeurs chevaleresques, de la « largesse » et de la « prouesse ».