Adam Zagajewski

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain polonais (Lwow 1945 - Cracovie 2021).

Il est l'un des représentants majeurs de la Nouvelle Vague polonaise, ou « Génération 1968 », qui aspire à un changement de société, conteste la réalité polonaise et dénonce la langue de bois. Les jeunes poètes qui la composent ne veulent pas changer de système politique, mais le rendre meilleur en parlant de tout ce qui est passé sous silence, en abordant des sujets engagés. Ils se montrent sauvagement agressifs avec leurs prédécesseurs, tels que Z. Herbert ou S. Grochowiak, auxquels ils reprochent de chercher refuge dans la fiction (J. Kornhauser, A. Zagajewski, le Monde non représenté, 1974). Leurs vers dénoncent l'hiatus entre la « vérité » officielle et les pratiques sociales, le pouvoir absolu de l'appareil politique et policier, la manipulation des faits historiques. Ils utilisent le collage, les pseudo-citations, les artifices de langue journalistique. A. Zagajewski participe à la naissance des Presses parallèles, où il est l'un des responsables de l'importante revue Zapis. Poursuivi par la répression politique, il émigre pour s'installer à Paris en 1982 (il y vivra vingt ans avant de retourner en Pologne). Il y collabore à la rédaction des Cahiers littéraires, assure un séminaire annuel à l'Université de Houston (États-Unis). Son écriture, commencée par une poésie, contestataire (le Communiqué, 1972 ; les Magasins de viande, 1975 ; la Lettre, 1978 ; la Lettre. Ode à la pluralité (1982), évolue vers un abandon des métaphores des débuts, aussi amples qu'heureuses, pour des vers élégants et érudits, si purs qu'on peut y voir une froideur étudiée, une mise à distance esthétique ou un sens aigu de la qualité du bel ouvrage artistique. La condition humaine reste la préoccupation dominante de son œuvre, dans laquelle il inscrit les tensions souvent dramatiques de son époque. S'il est avant tout un poète (Aller à Lwow, 1985 ; Pallissade. Marronniers. Liseron. Dieu, 1989 ; la Toile, 1990 ; les Merisiers, 1992 ; la Terre de feu, 1994 ; la Soif, 1999), il est également un remarquable essayiste (Coup de crayon, 1983 ; Solidarité, solitude, 1986) et un excellent romancier (Chaud, froid, 1975 ; le Deuxième Souffle, 1978 ; la Trahison, 1991). Il est le lauréat de nombreux prix internationaux dont le prix de la Liberté (1987), le prix de la Fondation Adenauer (2002).