Écosse

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

La poésie bardique des makaris (poètes gaéliques) a perpétué jusqu'au xviiie s. l'inspiration héroïque et la complexité des rythmes présents dès le Livre du doyen de Lismore (1512-1526). Elle sera ranimée dans les Hautes-Terres, placées sous la dépendance culturelle de l'Irlande, par l'inspiration courtoise tandis que les poètes de clan deviendront poètes nationaux. Les recueils de poésie orale surgiront à l'heure de l'effritement de la culture celte, après Macpherson. Et l'exil, l'urbanisation, l'adoption d'un bardisme souvent frelaté par le romantisme européen réduiront à néant au xixe s. la littérature des Highlands. La renaissance poétique (Mclean, Hay, Crichton-Smith, McDiarmid) ne s'effectuera qu'après 1918, lorsque la poésie écossaise s'ouvrira sur les problèmes internationaux et les techniques modernes pour s'enraciner dans l'universel.

La littérature des Basses-Terres, au contraire, s'inscrit très tôt dans l'histoire de la littérature anglaise. Jacques VI d'Écosse, lui-même écrivain, devenant Jacques Ier d'Angleterre (1603), met paradoxalement fin au particularisme écossais. Les ballades et pièces religieuses du Moyen Âge, la floraison du xve s. (Barbour, Henryson, Dunbar, Douglas, Lyndsay) débouchent, sous l'influence de Chaucer, sur un ton particulier, fait de virulence, de passion et de nostalgie pastorale qui réapparaîtra avec R. Burns et Byron après une période d'incubation plus timide (Thomson, Blair, Beattie). L'originalité de l'enracinement écossais se traduit surtout en matière intellectuelle (Édimbourg est à la philosophie du xviiie s. ce que Francfort sera à celle du xxe : le lieu d'un humanisme rigoureux qui refuse de se séparer d'une vision sceptique teintée d'espoir). L'Écosse devient le décor idéal de la passion sauvage. L'image d'une civilisation cohérente (ordre, travail, hiérarchie), fondée sur l'alliance « spontanée » de la paysannerie et d'une aristocratie qui aurait retrouvé le sens de sa mission, trouve son expression chez Carlyle. La fin du siècle verra naître un pseudoréalisme attendri (l'école Kailyard), plus proche de la littérature pour enfants que du naturalisme. Entre nostalgie, révolte et insertion culturelle (Laing), la littérature écossaise semble un moment atteinte de paralysie, mais la fin du xxe s. voit renaître le roman écossais (Gray, Kelman), avec notamment des tentatives originales pour intégrer le dialecte à la narration même (Welsh).