The Bee Gees

Groupe britannique de pop et de disco formé en 1960 à Brisbane, Australie, par Barry Gibb (chant, guitare), Robin Gibb (chant) et Maurice Gibb (chant).

Bien avant que leurs parents musiciens n'émigrent en Australie, en 1958, Barry Gibb et ses deux frères, les jumeaux Robin et Maurice, chantaient régulièrement les succès du jour dans les music-halls de Manchester. En 1960, à Brisbane, leur petit numéro attire l'attention de Bill Good, un organisateur de courses de chevaux. Good transmet une bande des frères Gibb à un D.J., Bill Gates ( !), qui la diffuse. Les réactions positives des auditeurs ne se font pas attendre. Good et Gates baptisent alors le trio BG's (les initiales communes aux deux « découvreurs » et non, comme la légende le voudra plus tard, l'abréviation de Brothers Gibb). Le groupe d'adolescents, qui accumule les concerts et les prestations télévisées, assoit rapidement une renommée locale.

En 1962, le trio, relocalisé à Sydney et s'appelant désormais les Bee Gees, commence à écrire des chansons. Enregistrant leur premier disque en 1963, ils attendront deux ans avant de décrocher un hit. Wine And Women entre dans le Top 10 australien en 1965. Au bout d'une dizaine de singles à succès, Barry, Robin et Maurice décrochent enfin leur premier № 1 en janvier 1967 avec Spicks And Specks.

À l'assaut de l'Angleterre. L'heure est à la conquête de leur Angleterre natale. Les Bee Gees embarquent pour Londres. Avec leur premier enregistrement britannique, New York Mining Disaster 1941, les Bee Gees prennent d'assaut les hit-parades du monde entier durant l'été 1967. To Love Somebody, Holiday, World, Massachusetts, I Started A Joke. Pendant deux ans, les étourdissantes harmonies vocales, la vertigineuse voix de fausset de Barry, la succession de slows soyeux ne semblent pas rencontrer la moindre résistance. Mais les frères Gibb, dont pas un n'a encore vingt ans, ont bien du mal à s'accommoder de tant de gloire, de pressions. Les tensions grandissent, la drogue fait son apparition. En avril 1969, alors que sort l'ambitieux double album Odessa, le Sergeant Pepper's du groupe, les Bee Gees sont au bord de la dissolution. Alors que Maurice épouse en grande pompe la chanteuse Lulu, Robin goûte au succès en solo avec Saved By The Bell. Barry décide à son tour de jouer cavalier seul. Si bien qu'en décembre 1969 les Bee Gees se résument à la seule personne de Maurice. On donne peu cher de son avenir….

Mort et résurrection. Fin 1970, les frères se réconcilient. Mais le public anglais a déjà oublié les Bee Gees. Heureusement, les Américains ont la mémoire plus longue. En 1971, Lonely Days gravit les charts américains, suivi par How Can You Mend A Broken Heart, qui atteindra la première place. Le répit sera pourtant de courte durée. N'arrivant plus à se mettre d'accord sur l'orientation musicale à suivre, les frères Gibb oscilleront plusieurs années durant entre soul mièvre, ballades gluantes et country mollassonne.

Fin 1974, alors que les Bee Gees en sont réduits à se produire dans des revues nostalgiques, le succès semble les avoir lâchés pour de bon. Au printemps 1975, pourtant, les frères Gibb trouvent leur nouvelle voie. S'accordant sur leur passion commune pour la dance music noire, ils enregistrent Main Course, un album teinté de rhythm and blues et de funk, sous la houlette d'Arif Mardin, déjà producteur du Average White Band, de Hall And Oates et de Dusty Springfield. Jive Talkin'enfièvre les pistes de danse avant de se propulser au sommet des charts. Avec Nights On Broadway, puis le carrément disco You Should Be Dancing, les Bee Gees tiennent bel et bien le bon filon.

La fièvre du samedi soir. En avril 1977, Robert Stigwood, qui manage toujours le groupe, propose aux Bee Gees d'écrire quelques titres pour Saturday Night Fever, le long-métrage qu'il produit sur l'explosion du phénomène disco. Stayin'Alive, How Deep Is Your Love, Night Fever … Les Bee Gees fourniront au total sept hits à l'album, qui, en totalisant plus de 30 millions d'exemplaires, demeure à ce jour la B.O. la plus vendue à travers le monde. Barry, Maurice et Robin sont désormais considérés comme les maîtres absolus de la dance music : en mars 1978, le groupe truste toutes les premières places des hit-parades avec ses chansons, qu'elles soient interprétées par eux, par leur benjamin Andy Gibb (Shadow Dancing), par Frankie Valli (Grease) ou par d'autres.

Leur popularité est telle que même leur participation à la catastrophique adaptation cinématographique de Sergeant Pepper's n'entame en rien leur crédit. En 1979, alors qu'ils raflent tous les prix possibles et imaginables aux Grammies, une étoile leur est attribuée sur Hollywood Boulevard. Leur réussite ne faillira pas jusqu'en 1981. Ensuite, le groupe s'éclipsera lentement, Barry se consacrant à l'écriture et à la production pour d'autres artistes : Barbra Streisand (Woman In Love), Dionne Warwick (Heartbreaker), Diana Ross (Chain Reaction)… Au début des années 1990, alors que les frères Gibb ne faisaient plus beaucoup parler d'eux, une tournée mondiale à guichets fermés rappelle qu'ils demeurent l'une des formations les plus populaires de la planète, qui a vendu plus de cent millions d'albums en trente ans de carrière. En mars 1997, ils sortent l'album Still Waters, où abondent les clins d'œil au funk noir.

Si parfois le style Bee Gees a tout l'air d'un produit manufacturé, il n'a toujours été que l'œuvre du savoir-faire extraordinaire de Barry, Maurice et Robin. À cause de leurs sourires trop éclatants, de leurs brushings trop impeccables (à l'exception du plutôt dégarni Maurice), de leurs bronzages permanents et de leurs presque irréelles voix haut perchées, les Bee Gees n'ont jamais vraiment eu les faveurs du public rock puriste. Qu'importe. Ils peuvent se vanter de partager avec les Rolling Stones le rare honneur d'avoir figuré dans les Top 10 du monde entier pendant quatre décennies consécutives.