Guns N'Roses

Groupe américain de rock et de hard-rock formé en 1986 à Los Angeles par William Bailey, dit Axl Rose, né en 1962, (chant), Saul Hudson, dit Slash, né en 1965, (guitare), Izzy Stradlin (guitare), Duff McKagan (basse) et Steven Adler (batterie).

« Ce disque contient un langage que certains auditeurs peuvent trouver discutable. Ils peuvent aller se faire f… et acheter quelque chose dans le rayon musique new age … » Ce péremptoire avertissement, inscrit sur la pochette du double album Use Your illusion, en 1991, illustre à merveille le propos : ici, on ne fait pas dans la dentelle… Les Guns N'Roses seraient-ils les derniers représentants d'une mythologique race en voie d'extinction ? Celle qui trouve encore exaltant de balancer les postes de télé par les fenêtres des palaces, de rouler à contresens sur l'autoroute avec une caisse de bière sur la caisse de sa Harley, de collectionner les groupies et de dévaster les bouges ouverts la nuit. Les Guns N'Roses jouent à être des stars de rock comme Sylvester Stallone s'amuse à se faire filmer sur un ring : avec professionnalisme, instinct et gloriole. Ils ont été capables de devenir en quatre ans le plus tapageur groupe de la planète, de voler la vedette aux Rolling Stones, de jouer sur un disque d'Iggy Pop, de reprendre un morceau de Bob Dylan (Knockin'On Heaven's Door) et un de McCartney (Live And Let Die) ou de signer la chanson générique du film Terminator 2.

L'histoire commence à Los Angeles, en 1986. À l'époque, le groupe s'intitule les Gunners. Le hard-rock de ces mercenaires de seconde zone pille les grands ancêtres Aerosmith et Led Zeppelin, mais aussi les Stones et Lou Reed. Axl Rose, le chanteur, Slash et Izzy Stradlin, les guitaristes, Duff McKagan, le bassiste, et Steven Adler, le batteur, rebaptisés Guns N'Roses, enregistrent leur premier album l'année d'après : un brûlot de décibels au titre explicite d'Appetite For Destruction et à la pochette censurée pour apologie du viol… Le disque, refusé par les prudes radios FM, s'écoule pourtant à six millions d'exemplaires. Les enregistrements suivants conforteront l'image de voyous drogués sans foi ni loi, sexistes, homophobes et vaguement racistes, cultivée à plaisir par nos (anti-) héros : le texte de la chanson One In A Million, sur le maxi G'N'R Lies (1987) le dit en substance. Les explications embarrassées d'Axl Rose ne suffiront pas à étouffer la controverse.

Rose, tête de proue schizophrène et paranoïaque, Slash, alcoolique notoire et guitar-hero invité par Dylan ou Michael Jackson, et leurs acolytes interchangeables (Stradlin, pourtant compositeur de la plupart des chansons, et Adler, batteur héroïnomane, ont été renvoyés du groupe) incarnent jusqu'à la caricature l'orchestre de heavy metal blanc et réactionnaire. En 1996, cinq ans après le double album Use Your Illusion, trois après The Spaghetti Incident ? (avec des reprises, plutôt réussies, des Sex Pistols, des Damned, des New York Dolls et des Stooges), on murmure que Guns N'Roses serait sur le point de se reformer. Mais le mythe s'est bien dégonflé. Des fusils et des roses des débuts, il ne reste guère plus qu'un triste bouquet d'orties et un dérisoire pistolet à eau.