Amen

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Drame historique de Costa-Gavras, avec Ulrich Tukur (Kurt Gerstein), Mathieu Kassovitz (Riccardo Fontana), Ulrich Mühe (le docteur), Michel Duchaussoy (le cardinal).

  • Scénario : Costa-Gavras, Jean-Claude Grumberg, d'après la pièce de Rolf Hochhuth Le Vicaire
  • Photographie : Patrick Blossier
  • Décor : Hari Hantke, Maria Miu
  • Costumes : Édith Vespérini
  • Musique : Armand Amar
  • Montage : Olivier Gourlay, Agathe Cauvin
  • Pays : France
  • Date de sortie : 2002
  • Son : Couleurs
  • Durée : 2 h 10

Résumé

Un jeune officier des Waffen SS découvre pendant la Seconde Guerre mondiale ce qui se passe dans les prétendus camps de travail où sont déportés les juifs. Révolté, il va s'employer à faire savoir ce qu'il a vu à ses coreligionnaires protestants, aux diplomates étrangers et à l'Église catholique afin qu'un immense mouvement d'indignation oblige les nazis à mettre fin à leur campagne d'extermination. Il ne réussit qu'à convaincre un jeune jésuite, très introduit au Vatican, qui va essayer d'amener le pape Pie XII à condamner solennellement l'holocauste. En vain.

Commentaire

Il est toujours périlleux de présenter dans le cadre d'un film le comportement de gens pris dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. Il est en effet tentant, à la lumière de ce que l'on sait maintenant, de présenter comme des criminels tous ceux qui ont manqué de clairvoyance ou de courage et de tomber ainsi dans un manichéisme irréaliste. Son affiche mise à part, Amen évite cet écueil et présente une problématique crédible. Soit deux « justes » pour lesquels la priorité absolue est d'arrêter l'holocauste en exerçant toutes les pressions possibles sur Hitler. En face : 1) des Allemands bombardés quotidiennement et anesthésiés par une propagande nationaliste qui les incite à refuser de croire tout ce qui pourrait affaiblir le Troisième Reich en guerre 2) un Vatican, paralysé par la crainte de perdre, en dénonçant spectaculairement l'horreur de la Solution finale, l'influence humanitaire marginale qu'il conserve dans l'Europe occupée, et convaincu par ailleurs que le communisme de Staline représente une menace encore plus grave que le nazisme de Hitler 3) des Alliés qui pensent qu'il ne faut pas disperser l'effort de guerre en détruisant la logistique des camps d'extermination mais qu'il faut d'abord écraser l'Allemagne nazie. Tous ces points de vue, ces peurs, ces ambiguïtés, sont incarnés par des personnages convaincants, attachants et qui sonnent vrai jusqu'à la fin, troublante : le génocide est terminé mais les « justes » sont morts et des criminels de guerre sont aimablement exfiltrés par des prélats peu curieux ou étrangement bienveillants.