le Vent

The Wind

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Drame de Victor Sjöström, avec Lillian Gish (Letty), Lars Hanson (Lige), Montagu Love (Roddy), Dorothy Cumming (Cora).

  • Scénario : Frances Marion, John Colton, d'après le roman de Dorothy Scarbourough
  • Photographie : John Arnold
  • Décor : Cedric Gibbons, Edward Whiters
  • Pays : États-Unis
  • Date de sortie : 1928
  • Son : noir et blanc
  • Durée : 2 200 m (environ 1 h 21)

Résumé

Une jeune fille du Sud vient vivre chez des cousins éloignés dans un désert de l'Ouest. Pour échapper à la brutalité de la femme, elle épouse un cow-boy qu'elle trouve rustre, et vit avec lui dans une ferme isolée sur laquelle souffle un vent incessant. Elle tue un étranger qui veut la violer et l'enterre aidée de son mari. Cet acte leur fait comprendre l'amour qu'ils ont l'un pour l'autre.

Commentaire

Un film typique du degré d'expressivité auquel étaient parvenus les grands réalisateurs à la fin du muet. La présence obsédante du vent était telle que les spectateurs avaient l'impression d'entendre des rafales traverser ce film muet. Son action physique se matérialisait dans le sable qu'il soulevait et qui envahissait la maison au désespoir de la femme qui venait de la nettoyer. Le vent et l'isolement créaient le drame et forgeaient la psychologie des personnages mais semblaient être également une projection physique des états d'âme des protagonistes, selon un procédé stylistique de l'expressionnisme allemand. L'affrontement sauvage des êtres, qui ont ici une opacité presque minérale, est accentué par la nudité d'une nature hostile qui exacerbe les haines mais aussi les désirs et finalement l'amour. Cette caractéristique rapproche le film de Sjöström de ceux de Stroheim mais sans qu'il y ait influence car on la trouve dans des films antérieurs de Sjöström. Lillian Gish, jouant une ingénue devenant une femme, est remarquable, surtout lorsqu'on songe qu'elle avait alors presque quarante ans. L'interprétation de Lars Hanson, que Sjöström ramena avec lui de Suède, complète harmonieusement celle de Gish, dans le rôle d'un paysan hébété et vaguement idiot que l'amour transfigurera.