le Fanfaron

Il sorpasso

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Comédie dramatique de Dino Risi, avec Vittorio Gassman (Bruno), Jean-Louis Trintignant (Roberto), Catherine Spaak (Lili, la fille de Bruno), Claudio Gora (Bibi).

  • Scénario : Dino Risi, Ettore Scola, Ruggero Maccari
  • Photographie : Alfio Contini
  • Musique : Riz Ortolani
  • Montage : Maurizio Lucidi
  • Production : Mario Cecchi Gori (Fair Film)
  • Pays : Italie
  • Date de sortie : 1962
  • Son : noir et blanc
  • Durée : 1 h 35

Résumé

Un week-end du 15 août à Rome. Les rues sont aussi désertes que dans les villes mortes des récits de science-fiction. Un homme qui porte beau, Bruno, au volant d'une voiture de sport, cherche à téléphoner. Il est volubile, sans-gêne, astucieux, entreprenant, indiscret. Il rencontre un jeune étudiant, Roberto, qui est tout son contraire : timide, sérieux, farouche, coincé. Les deux hommes vont apprendre à se connaître à la faveur d'une équipée pleine d'imprévus. Ils feront beaucoup de rencontres, de visites, de découvertes plus ou moins piquantes. Peu à peu, Roberto la fourmi va se surprendre à savourer la griserie de la vie telle que la conçoit Bruno la cigale. Mais cet homme si désinvolte, si « suradapté » est au fond un être blessé, malheureux, qui a conscience d'avoir gâché sa vie et qui ne cesse de faire le clown pour désarmer son désarroi… L'aventure finit tragiquement par un accident d'auto.

Commentaire

Jusqu'à la tragédie pure

Ce film est incontestablement le meilleur qu'ait réalisé Dino Risi qui passe pour l'un des représentants les plus typiques de la « Comédie à l'italienne ». On désigne sous cette formule des films qui ont l'apparence, la forme, les caractéristiques de la comédie, mais qui, derrière le rire et le sourire, par le biais de la dérision et de la satire, dénoncent des comportements sociaux, des habitudes morales et, d'une façon générale, toutes sortes de structures stérilisantes. Par définition, la comédie à l'italienne est insolente et subversive. Mais attention : il faut se montrer vigilant à son égard, car beaucoup de films assez faibles, souvent commerciaux et vulgaires (il y en a aussi dans la filmographie de Dino Risi) se réclament de cette famille. L'intérêt du Fanfaron, film tout à fait réussi, voire exemplaire, est que son anecdote est un florilège de situations et de personnages drôles. On ne pense pas à analyser l'« au-delà » du plaisir comique. On marche, on rit. Il faut dire que le talent de Vittorio Gassman, cabotin de génie, entre pour beaucoup dans le plaisir que nous prenons au spectacle. Jean-Louis Trintignant, avec son air penché, son regard vague, ses gestes esquissés, campe, de son côté, un « faire-valoir » parfait. Bref, ce couple de comédiens fonctionne à merveille. Le caractère dramatique de la fable apparaît progressivement pour finir dans la tragédie pure. Le rire s'étrangle tout à fait à l'épilogue et nous mesurons, rétrospectivement, ce qu'avait de grave et de touchant la succession d'épisodes comiques auxquels nous nous sommes tant divertis. Cette qualité est peut-être due au fait que le coscénariste du Fanfaron est Ettore Scola.