la Vipère

The Little Foxes

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Drame psychologique de William Wyler, avec Bette Davis (Regina Giddens), Herbert Marshall (Horace Giddens), Teresa Wright (Alexandra), Richard Carlson (David Hewitt), Patricia Collinge (Birdie Hubbard), Dan Duryea (Leo Hubbard).

  • Scénario : Arthur Kober, Dorothy Parker, Alan Campbell, Lillian Hellman, d'après sa pièce les Petits Renards
  • Photographie : Gregg Toland
  • Décor : Stephen Goosson, Howard Bristol
  • Musique : Meredith Wilson
  • Montage : Daniel Mandell
  • Pays : États-Unis
  • Date de sortie : 1941
  • Durée : 1 h 57

Résumé

En 1900 en Louisiane, une propriétaire particulièrement rapace essaie de briser le mariage entre sa fille et un jeune idéaliste, pour qu'elle fasse un mariage intéressé. Son mari, faible et malade, refuse de la suivre dans ses manigances et ne lui prête pas l'argent nécessaire à ses menées. Il a une crise et elle le laisse froidement mourir pour hériter de sa fortune.

Commentaire

La Vipère est une étude psychologique et sociale très approfondie qui traite à la fois de l'avènement du capitalisme moderne et de la lutte des femmes pour se faire une place dans le monde nouveau qui s'annonce. Si la tante, vieille fille névrosée et même un peu folle, représente le statut traditionnel de la femme tenue à l'écart et laissée pour compte, la fille annonce l'intégration de la femme par l'amour ; quant à la mère, interprétée avec une rare âpreté par Bette Davis, Wyler nous fait subtilement comprendre que si elle est effectivement machiavélique, odieuse et, pour finir, meurtrière par « défaut », c'est qu'elle a été toute sa vie une marchandise et une fonction qui n'a jamais connu l'amour ni même vraisemblablement le plaisir. Ce n'est d'ailleurs pas tant pour elle-même qu'elle veut aller jusqu'au bout de ses desseins financiers que pour permettre à sa fille d'accomplir ce qu'elle n'a jamais pu faire. La mise en scène de Wyler dissèque tous ces caractères avec une froide conscience analytique, se bornant – et c'est sa force – à géométriser leur place dans l'espace et à suggérer ainsi la réalité de leurs rapports, intensifiant un drame longtemps contenu et qui éclate de façon d'autant plus percutante que la mise en scène le laisse se dérouler avec une apparente inertie, pour ne pas dire indifférence.