la Condition de l'homme

Ningen no Jöken

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Drame de Masaki Kobayashi, avec Tatsuya Nakadai (Kaji), Michiyo Aratama (sa femme), Shinji Nambara (Kao), Ineko Arima (Yang), So Yamamura (Okishima), Keij Sada (Kageyama).

  • Scénario : Masaki Kobayashi, Zenzō Matsuyama, d'après le roman de Jumpei Gomikawa
  • Photographie : Yoshio Miyajima
  • Musique : Chuji Kinoshita
  • Montage : Keichi Uraoka
  • Pays : Japon
  • Dates de sortie : 1958-1961
  • Durée : 9 h 40 (en trois parties)

Résumé

En 1943, dans la Mandchourie colonisée par le Japon, Kaji, ingénieur dans une mine, et sa femme se révoltent contre les traitements infligés aux déportés chinois. Il est emprisonné puis mobilisé. Il fait l'expérience horrible de la guerre dans le nord du pays. Prisonnier dans un camp russe, il s'évade dans un désert de glace et meurt en prononçant le nom de sa femme.

Commentaire

« J'ai voulu dénoncer les crimes de guerre, mais j'ai aussi voulu montrer comment une société humaine peut se changer en organisme inhumain. Kaji, mon héros, est en même temps opprimé et oppresseur, et il comprend qu'il ne peut cesser d'être oppresseur qu'en devenant un opprimé. » Ainsi Kobayashi présente-t-il son monument cinématographique. Son film, d'une crudité et d'une cruauté quasi insoutenables, prend le parti de tout montrer des abominations humaines, que peu de bonté et de charité viennent contrebalancer. S'il n'a pas l'équilibre ineffable entre la bestialité et l'esthétique qu'on trouve chez un Stroheim, il est aussi absolument dénué de complaisance, et si l'on peut contester certaines coquetteries formelles (comme les plans penchés trop allusifs), le film est bien le témoin inflexible, dont les yeux ne cillent jamais devant tout ce que l'homme peut accomplir, que Kobayashi ambitionnait qu'il soit.