Un prophète

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Drame carcéral de Jacques Audiard, avec Tahar Rahim (Malik El Djebena), Niels Arestrup (César Luciani), Adel Bencherif (Ryad), Reda Kateb (Jordi), Leïla Bekhti (Djamila), Hichem Yacoubi (Reyeb).

  • Scénario : Jacques Audiard, Thomas Bidegain, Abdel Raouf Dafri & Nicolas Peufaillit
  • Photographie : Stéphane Fontaine
  • Décor : Michel Barthélémy
  • Montage : Juliette Welfling
  • Musique : Alexandre Desplat
  • Pays : France/Italie
  • Date de sortie : 2009
  • Son : Couleurs
  • Durée : 2h33
  • Prix : Grand Prix du jury à Cannes 2009. Prix Louis Delluc 2009. 9 César : film, réalisateur, premier et second rôle masculin, espoir masculin, scénario original, photographie, décors, montage

Résumé

Condamné à six ans d'emprisonnement, Malik découvre l'univers des Centrales. Mutique et solitaire, il est repéré par Luciani, mafieux corse qui fait la loi dans la prison, et qui, après lui avoir fait subir un test (assassiner un autre détenu), le prend sous sa protection. Il apprend à lire et écrire, et profite de ses permissions pour organiser un trafic de drogue, à l'extérieur et à l'intérieur. Peu à peu, le pouvoir de Luciani s'effrite et Malik, à l'origine de cette dégringolade, devient un caïd, dirigeant depuis sa cellule une organisation florissante, dont il prendra la tête dès sa libération.

Commentaire

Le film de prison appartient à un genre très calibré, à l'atmosphère garantie, avec des situations et des clichés difficilement évitables, qui ont parfois produit des chefs-d'œuvre (Le Trou de Becker) et, plus souvent, des approches répétitives. Jacques Audiard, auteur rare (cinq films en presque vingt ans), montre l'univers carcéral comme bien peu de films français étaient parvenus à nous le montrer. Aucune mythologie du caïd, aucune convention dans les relations entre prisonniers ou entre surveillants. Mais le réalisateur ne se contente pas d'une étonnante recréation hyper-réaliste des conditions de vie en Centrale ; à partir de cette assise documentaire, il retrace l'itinéraire d'un homme, entré en petit délinquant ordinaire et qui sortira en chef de bande – approche neutre, sans jugement, sans compassion. Tahar Rahim, révélation du film, s'inscrit pleinement dans la lignée des « héros » ambigus du cinéaste. Un prophète a trusté les César de l'année 2009, ce qui n'est que justice.