Printemps tardif

Banshun

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Drame de Yasujiro Ozu, avec Chishu Ryu (le père), Setsuko Hara (Noriko, la fille), Haruko Sugimura (la tante), Jun Usami (Hattori, le jeune homme), Yumeji Tsukioka (Aya, l'amie de Noriko).

  • Scénario : Yasujiro Ozu, Kogo Noda, d'après une histoire de Kazuo Hirotsu
  • Photographie : Yuharu Atsuta
  • Décor : Tatsuo Hamada
  • Musique : Senji Ito
  • Pays : Japon
  • Date de sortie : 1949
  • Son : noir et blanc
  • Durée : 1 h 50

Résumé

Noriko, 24 ans, vit avec son père, veuf. Inquiet pour l'avenir de sa fille, celui-ci veut la marier à Hattori, son jeune assistant. Mais il est déjà fiancé. Noriko accepte de rencontrer, par l'intermédiaire de sa tante, un beau parti qui « ressemble à Gary Cooper ». Pour que Noriko ne refuse pas le mariage, son père prétend qu'il a lui-même l'intention de reprendre femme. Mais il n'en est rien et, après la cérémonie, le vieil homme se retrouve seul.

Commentaire

Premier film de la « maturité » d'Ozu, Printemps tardif lui fit retrouver son scénariste favori d'avant-guerre, Noda, spécialiste d'histoires intimistes et familiales qui avaient fait la notoriété du cinéaste. Mais le ton acerbe et satirique d'autrefois a bien changé : une mélancolie souriante est en train de s'installer, définitivement, dans l'univers d'Ozu. Le cadre statique, extrêmement composé, la musique doucement sentimentale contribuent à ce climat serein, où l'on ravale ses larmes et se chuchote ses quatre vérités avec les mots de tous les jours. Radieuse, Setsuko Hara parvient à exprimer sa douleur ou son bonheur par un mouvement de sourcil, un frémissement de lèvre. Déchirant, Chishu Ryu, seul dans sa maison vide, se pèle une pomme, sans dire un mot. On se souvient d'une petite phrase : « Si ta fille ne se marie pas, tu as du souci. Si elle se marie, tu as de la peine… » Ozu aimait tant le sujet qu'il refit, de ce chef-d'œuvre, deux versions en couleurs : Fin d'automne (1960), où Setsuko Hara, cette fois, jouait le rôle de la mère veuve, et le Goût du saké (1962), dernier film d'Ozu, où Ryu reprenait le rôle du père.