Poetry

Shi

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Drame de Lee Chang-dong, avec Yun Jung-hee (Mija), Lee David (Wook), Kim Hira (le président), Ahn Nae-sang (le père de Kibum), Kim Yong-taek.

  • Scénario : Lee Chang-dong
  • Pays : Corée
  • Date de sortie : 2010
  • Son : Couleurs
  • Durée : 2 h 17
  • Prix : Prix du scénario, Cannes 2010

Résumé

Mija, sexagénaire, aide de vie pour vieillards impotents, élève seule son petit-fils adolescent. Elle apprend que celui-ci fait partie d'un groupe qui a régulièrement violé une lycéenne, ce qui l'a menée au suicide. Mija, effondrée devant le manque de culpabilité de son petit-fils, accepte de se joindre aux autres parents qui proposent de payer la mère de la victime afin qu'elle retire sa plainte. Frappée par la maladie d'Alzheimer, elle suit des cours de poésie et se force à noter tous les détails de son quotidien pour nourrir ses exercices. Avant de sombrer, elle écrit un ultime poème qui sera lu, en son absence, à la classe.

Commentaire

Même si la maladie d'Alzheimer est devenue, hélas, un sujet très fréquenté, Lee Chang-dong a réalisé là un film difficilement dépassable, dans la justesse des sentiments et dans l'émotion qu'il parvient à créer, jusqu'aux larmes. Le portrait de cette vieille dame élégante, d'aspect et de sentiments, qui affronte avec une dignité rare les problèmes vitaux qui surgissent – sa perte progressive de conscience, la révélation que son petit-fils est un étranger pour elle – demeure une figure peu oubliable. Mija puise dans les sensations subtiles qu'elle cultive, du choix d'une couleur de robe au spectacle d'un jardin fleuri, une force qu'elle utilise pour faire de l'expression poétique un recours contre le mal, mal intérieur et mal social, qui l'assaille. Seule face à la nuisance d'un monde corrompu, entre parents lâches et jeunes irresponsables, elle affiche, sur son chemin vers l'inexistence, une sérénité superbement interprétée par Yun Jung-hee, actrice légendaire du cinéma coréen.