Melancholia

Melancholia

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Drame de Lars von Trier, avec Kirsten Dunst (Justine), Charlotte Gainsbourg (Claire), Kiefer Sutherland (John), Alexander Skarsgard (Michael), Cameron Spurr (Leo), Charlotte Rampling (Gaby).

  • Scénario : Lars von Trier
  • Photographie : Manuel Alberto Claro
  • Décor : Jette Lehmann
  • Montage : Molly Malene Stensgaard
  • Pays : Danemark/Suède/France/Allemagne
  • Date de sortie : 2011
  • Son : Couleurs
  • Durée : 2 h 10
  • Prix : Prix d'interprétation féminine pour Kirsten Dunst, Cannes 2011

Résumé

Justine et Michael arrivent en retard à la fête donnée pour leur mariage, dans la somptueuse propriété où vivent Claire, la sœur de Justine, et son époux John. La soirée est tendue – est-ce dû à l'apparition dans le ciel de la planète Melancholia ? – entre haines familiales réactivées, ivresses et coucheries multiples, et se termine par la rupture entre les mariés. Quelques mois plus tard, Justine, dépressive, vient retrouver Claire, John et Leo, leur jeune fils. Dans la maison, l'angoisse monte, dans la certitude du cataclysme : la planète Melancholia va venir heurter la Terre. John se suicide, tandis que les sœurs et l'enfant décident d'attendre ensemble la fin du monde.

Commentaire

Lars von Trier abandonne cette fois-ci toute provocation (au moins sur l'écran, car les déclarations de sa conférence de presse cannoise ont fait scandale) pour conter cette chronique d'une fin du monde annoncée. Si la première partie renvoie, avec l'habituelle maîtrise narrative de l'auteur, à la méthode ancienne du Dogma 95 – réunion de famille avec psychodrames, déballage des sentiments et masques qui tombent –, la seconde partie montre un ton nouveau chez le cinéaste. Sans effet, sans jouer de la carte visionnaire, il parvient à créer une angoisse palpable avec presque rien, un globe lumineux qui grossit dans l'appareil d'observation bricolé par l'enfant, une respiration suspendue. Le mari, pourtant solide, s'effondre et choisit la mort. Les sœurs, pourtant faibles femmes, regardent venir la fin avec sérénité. De cette veille d'apocalypse émane paradoxalement un parfum d'apaisement. Von Trier signe là son plus beau film depuis longtemps, et, dans d'autres circonstances, Melancholia était digne de la palme.