Mean Streets

Mean Streets

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Drame de Martin Scorsese, avec Robert De Niro (Johnny Boy), Harvey Keitel (Charlie), David Proval (Tony), Amy Robinson (Teresa), Richard Romanus (Michael), Martin Scorsese (Shorty).

  • Scénario : Martin Scorsese, Mardik Martin
  • Photographie : Kent L. Wakeford
  • Décor : David Nichols
  • Musique : rock et country
  • Montage : Sid Levin
  • Pays : États-Unis
  • Date de sortie : 1973
  • Son : couleurs
  • Durée : 1 h 33

Résumé

New York. Dans les bas quartiers de l'East Side, la Petite Italie, quatre Italiens immigrés de la seconde génération dérivent, aux franges de la délinquance, dans un univers où le poids de la tradition, la violence, la culpabilité conditionnent les esprits jusqu'à la folie et au meurtre. Tony tient un bar ; Michael gère des affaires louches ; Johnny Boy, irresponsable, s'enlise dans ses dettes et les bagarres qu'il provoque, protégé par Charlie qui rêve de réussite sociale sous les aspects d'un restaurant promis par son oncle maffioso. Ballotté entre cet oncle, son amour pour Teresa, une épileptique, la protection qu'il croit devoir à Johnny Boy et Jésus, dont l'obsession semble guider ou contrecarrer tous ses comportements, Charlie cherche (et trouve ?) la sainteté en passant par la damnation.

Commentaire

Narcissique, fébrile, tour à tour baroque (dans le traitement des éclairages et la mobilité de la caméra) et hyperréaliste (par le choix des décors), Mean Streets est une œuvre clé dans la filmographie de Martin Scorsese, qui démarque, complète et approfondit son premier film, très autobiographique (Who's That Knocking at My Door ?). Le rythme visuel autant que musical qui le sous-tend de la première à la dernière image l'apparente à un opéra. Il tient la gageure de se maintenir, une heure et demie durant, à un niveau paroxystique qui confère au propos (une succession de tableaux, plus qu'une intrigue véritable) une dimension parabolique, celle d'une liturgie infernale. Le rituel purificateur qui assure le passage de la damnation à la sainteté et qui constitue le sujet réel de nombre de films de Scorsese trouve ici une expression cinématographique homogène dans l'incandescence.