Lettre d'une inconnue

Letter From an Unknown Woman

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Drame de Max Ophuls, avec Joan Fontaine (Liza Berndle), Louis Jourdan (Stefan Brand), Mady Christians (Mme Berndle), Marcel Journet (Johann Stauffer), John Good (le lieutenant Leopold von Kaltnegger), Carol Yorke (Marie), Art Smith (John, le domestique).

  • Scénario : Howard Koch, Max Ophuls, d'après la nouvelle de Stefan Zweig
  • Photographie : Frank [Franz] Planer
  • Décor : Russell A. Gausman, Ruby R. Levitt, Charles Baker
  • Musique :  Daniele Amfitheatrof
  • Montage : Ted J. Kent
  • Pays : États-Unis
  • Date de sortie : 1948
  • Son : noir et blanc
  • Durée : 1 h 30

Résumé

Vienne, au début du xxe siècle. Stefan Brand reçoit la dernière lettre d'une femme qui l'a aimé et qui a construit, sans qu'il le sache, toute sa vie autour de cet amour : une brève idylle, lorsqu'il était pianiste à succès, d'où est né un enfant qu'il n'a jamais vu ; une seconde rencontre, une nuit, pour laquelle elle sacrifia son avenir et toutes ses chances de bonheur. Il ne l'a même pas reconnue. Et c'est sur son lit de mort qu'elle lui écrit cette lettre…

Commentaire

Fraîchement accueilli à sa sortie, Lettre d'une inconnue a été depuis reconnu comme un des plus beaux films (sinon le plus beau…) de Max Ophuls. Fidèle à l'esprit de la célèbre nouvelle de Zweig dont il s'inspire, le chef-d'œuvre d'Ophuls porte à son apogée les thèmes de prédilection du cinéaste : la fuite du temps, le déchirement des cœurs derrière l'apparence de la frivolité, l'illusion du bonheur face à la prescience de la mort. Les dialogues du film sont admirables, mais comme toujours, Ophuls en exprime plus encore avec ses mouvements de caméra : lentement, il vient cadrer, dans l'escalier, l'entrée de Liza chez Stefan, de la même façon qu'il avait montré celle d'une courtisane, au cours d'une précédente séquence, et tout est dit sur le « sentiment » du protagoniste vis-à-vis de l'héroïne. Le film avait été produit par John Houseman (Citizen Kane, Jules César) pour la maison de production de William Dozier, alors marié à Joan Fontaine (Rampart Prod.). Ni elle ni Louis Jourdan ne retrouveront par la suite de rôles aussi parfaits.