Laura

Laura

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Film policier d'Otto Preminger, avec Gene Tierney (Laura), Dana Andrews (Mark McPherson), Clifton Webb (Waldo Lydecker), Vincent Price (Shelby Carpenter), Judith Anderson (Ann Treadwell), Dorothy Adams (Bessie Clary), James Flavin (McAvity).

  • Scénario : Jay Dratler, Samuel Hoffenstein, Betty Reinhardt, d'après le roman de Vera Caspary
  • Photographie : Joseph LaShelle
  • Décor : Lyle Wheeler, Leland Fuller, Thomas Little
  • Musique : David Raksin
  • Montage : Louis R. Loeffler
  • Production : O. Preminger (20th Century-Fox)
  • Pays : États-Unis
  • Date de sortie : 1944
  • Son : noir et blanc
  • Durée : 1 h 28

Résumé

L'inspecteur McPherson enquête sur le meurtre de Laura Hunt, une jeune et brillante publicitaire new-yorkaise. Le chroniqueur Waldo Lydecker, protecteur de Laura, son ex-fiancé, Shelby Carpenter, et sa tante, Ann Treadwell, lui tracent le portrait fascinant d'une femme qui avait su, par sa beauté, son dynamisme et son talent, s'élever au sommet de sa profession. Le fruste McPherson tombe à son tour sous le charme de Laura. Envoûté, il hante son appartement, hume son parfum, s'imprègne de ses souvenirs, contemple longuement, amoureusement, son image, devant laquelle il finit par s'endormir, épuisé. C'est alors que Laura surgit, bien vivante…

Commentaire

Le triomphe de la mémoire

Une femme disparaît, et le Pygmalion misanthrope qui l'aima vainement, en secret, recompose les fragments de sa légende. Ses confidences voilées, chargées de regrets, entraînent un policier apparemment blasé dans un rêve qui fait renaître la morte. Magie du désir : celui de Waldo « créa » une première fois Laura ; celui de McPherson la ramène parmi les vivants. Les songes, un instant confondus, des deux hommes auront réussi ce miracle… Commence alors un étrange duel entre deux adversaires d'inégale valeur. Lydecker, le romantique, semble disposer de tous les atouts pour conquérir Laura : culture, esprit, humour, élégance, alors que McPherson, le réaliste, n'a pour lui que la vérité de ses sentiments. Celle-ci lui assurera une victoire par défaut, mais Laura restera à jamais une énigme ; elle n'existait que par le regard de celui qui la façonna, et, privée de son mentor, redevient une femme parmi d'autres.

Laura est de ces films dont rien ne paraît devoir altérer la beauté ni épuiser les richesses et les ambiguïtés. Cette œuvre, qui tient à la fois du film noir, de la satire sociale et du poème, est une méditation nostalgique sur le temps révolu, un jeu savant sur la présence/absence, une illustration magistrale de la toute-puissance de l'image et du discours amoureux.

  • 1944 Laura, film de O. Preminger.