Des hommes et des dieux

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Drame de Xavier Beauvois, avec Lambert Wilson (Christian), Michael Lonsdale (Luc), Olivier Rabourdin (Christophe), Philippe Laudenbach (Célestin), Jacques Herlin (Amédée), Loïc Pichon (Jean-Pierre), Sabrina Ouazani (Rabbia).

  • Scénario : Xavier Beauvois & Étienne Comar
  • Photographie : Caroline Champetier
  • Décor : Michel Barthélémy
  • Montage : Marie-Julie Maille
  • Pays : France
  • Date de sortie : 2010
  • Son : Couleurs
  • Durée : 2 h
  • Prix : Grand Prix, Cannes 2010. 3 César 2011 : film, second rôle masculin, photo

Résumé

En Algérie, dans le Haut-Atlas, vers la fin des années quatre-vingt-dix, huit frères cisterciens âgés occupent encore un monastère, consacrant leur temps à la prière, aux chants et aux soins procurés aux habitants du village voisin. Mais des groupes islamistes rebelles parcourent la région, massacrant les travailleurs étrangers. Les moines s'interrogent : doivent-ils fuir devant le danger ou demeurer ? Ils choisissent de rester, à leurs risques et périls, et un commando armé vient les capturer. Deux d'entre eux parviennent à s'échapper, les six autres seront exécutés.

Commentaire

Xavier Beauvois a pris pour argument le massacre des moines de Tibérine en 1996, mais, plutôt que d'insister sur l'aspect événementiel guerrier, il a centré l'action, si l'on peut parler d'action pour un film aussi contemplatif, sur la vie monastique, ses rituels, ses rythmes immuables et ses échanges théoriques. L'intrusion de la violence extérieure s'effectue tardivement, elle est même quasiment escamotée : les moines enlevés disparaissent dans la nuit avec leurs ravisseurs, leur exécution n'est pas filmée. Est-ce l'aspect inhabituel du sujet et son traitement tout en retenue, le charme émanant des chants régulièrement entonnés par la petite communauté, la qualité des discussions théologiques, la fragilité de ces presque vieillards face à la mort qui les guette ? Le film a connu un succès public surprenant pour une œuvre aussi peu commerciale – 3 millions de spectateurs sont venus vérifier si le Grand Prix du Festival de Cannes 2010 avait été attribué à bon escient et la profession lui a décerné trois César.