Démineurs
The Hurt Locker
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».
Film de guerre de Kathryn Bigelow, avec Jeremy Renner (sergent-chef James), Anthony Mackie (sergent Sanborn), Brian Geraghty (Owen Eldridge), Guy Pearce (sergent Thompson), David Morse (colonel Reed), Evangeline Lilly (Connie James).
- Scénario : Mark Boal
- Photographie : Barry Ackroyd
- Montage : Chris Innis & Bob Murawski
- Musique : Marco Beltrami & Buck Sanders
- Pays : États-Unis
- Date de sortie : 2009
- Son : Couleurs
- Durée : 2 h 04
- Prix : Six Oscars en 2010 : film, réalisateur, scénario, montage, son et montage son
Résumé
Le sergent Matt Thompson, chef d'une équipe de soldats américains spécialisés dans le déminage, est tué, dans une rue de Bagdad, par l'explosion d'une bombe qu'il tentait de neutraliser. Il est remplacé par le sergent-chef William James, une tête brûlée dont les méthodes imprévisibles, même si elles sont efficaces, créent des tensions dangereuses au sein d'une équipe jusqu'alors soudée. Certains entrent en conflit avec lui, d'autres sont blessés. Son contrat achevé, James retrouve sa famille aux États-Unis, mais, incapable de se réadapter, choisit de retourner en Irak.
Commentaire
On connaît la rapidité du cinéma américain à traiter à chaud le sujet dérangeant qu'est la guerre. Mais, depuis le Vietnam, le traitement des conflits modernes a perdu tout héroïsme : Koweït, Irak, Afghanistan ne sont plus le théâtre d'actions d'éclat, mais un bourbier sans espoir dans lequel s'enfoncent les combattants. Kathryn Bigelow, une des rares cinéastes hollywoodiennes à réaliser des « films d'hommes », montre ici des spécialistes, qui font leur travail avec la peur au ventre. Le sergent-chef n'est pas un héros, c'est un risque-tout qui joue en solitaire, guidé par un instinct de mort qui le rend fascinant. La disproportion entre des soldats suréquipés, avec blindés et armes hyper-mortelles, et des habitants presque non-concernés, qui regardent les opérations de déminage comme un spectacle, est flagrante. C'est cette justesse dans l'approche, et son aisance à jouer avec les nerfs du spectateur – rien de plus fort, côté suspense, que les gestes du désamorçage – qui ont permis à Kathryn Bigelow de décrocher autant d'Oscars, performance inédite, et méritée, pour une réalisatrice.