Carmen Jones

Carmen Jones

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Drame musical d'Otto Preminger, avec Dorothy Dandridge (Carmen Jones), Harry Belafonte (Joe), Pearl Bailey (Frankie), Olga James (Cindy Lou), Joe Adams (Husky Miller), Nick Stewart (Dink), Roy Glenn (Rum), Diahann Carroll (Myrt), Brock Peters (le sergent Brown) et les voix de Marilyn Horne (Carmen), LeVern Hutcherson (Joe), Bernice Peterson (Myrt), Brock Peters (Rum).

  • Scénario : Harry Kleiner, d'après le « musical » d'Oscar Hammerstein
  • Photographie : Sam Leavitt
  • Décor : Edward L. Ilou
  • Musique : Georges Bizet. Paroles : Oscar Hammerstein II
  • Montage : Louis R. Loeffler
  • Pays : États-Unis
  • Date de sortie : 1954
  • Son : couleurs
  • Durée : 1 h 47

Résumé

Version « black » de Carmen. L'action se déroule dans le sud des États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Commentaire

La Carmen de Preminger n'est ni plus ni moins « authentique » que celles qui l'ont précédée ou suivie. Mais elle reste la plus jeune et la plus séduisante par la rigueur et l'audace de son approche : rupture totale avec les conventions, l'espace et la gestuelle scéniques, affranchissement à l'égard des contraintes musicales, suppression des « enjolivements » folkloriques. Ainsi dépouillée et rendue à sa vérité première, elle retrouve spontanément les élans « d'un bonheur court, soudain, sans merci » et la « gaieté africaine » que Nietzsche célébrait chez sa lointaine ancêtre. Cette Carmen, à laquelle Dorothy Dandridge confère un incomparable rayonnement charnel, organise son destin avec un fatalisme joyeux, que rien ne saurait troubler ; tragique et légère, naïve, superstitieuse, rétive et fragile, sa beauté insolente domine le film, sous l'œil d'une caméra sinueuse à l'extrême, qui épouse ses moindres déplacements et traque avec une complicité amoureuse ses plus secrets vacillements.