ÖVP

sigle de Österreichische Volkspartei, parti populaire autrichien

L'un des deux plus grands partis politiques de l'Autriche avec le parti social-démocrate, ou SPÖ.

1. Un parti de centre droit

Fondé en 1945 à Vienne, l'ÖVP se dissocie de son prédécesseur, le parti chrétien-social fondé par Karl Lueger en 1888, par son engagement pour une démocratie parlementaire et sa défense d'une Autriche libre et indépendante. Regroupant toutes les voix des électorats bourgeois et paysan, il se compose de six fédérations, dont trois – la Fédération économique autrichienne, la Fédération paysanne et la Fédération des ouvriers et employés autrichiens – jouent un rôle décisif dans la définition de sa ligne politique. Dans son programme – dit programme de Salzbourg – adopté en 1972, l'ÖVP se définit comme le « parti du centre progressiste » et se reconnaît dans les valeurs de liberté, de démocratie et dans celles du christianisme ; le programme de 1995 consacre une part plus importante à l'économie de marché, sans négliger les dimensions sociale et écologique.

L'engagement européen de l'ÖVP, ancré dans son programme depuis 1945, connaît une avancée majeure en 1989, lorsque le SPÖ et l'ÖVP parviennent à se mettre d'accord sur les termes de l'adhésion, puis lors du référendum du 12 juin 1994, qui apporte une majorité des deux tiers en faveur de l'intégration de l'Autriche à l'Union européenne. Il trouve son aboutissement le 1er janvier 1995, lorsque l'Autriche rejoint l'UE avec la Suède et la Finlande.

2. Grandes coalitions et alliances à droite

Membre de la « grande coalition » de 1945 à 1966, l'ÖVP gouverne seul de 1966 à 1970. Dans l'opposition de 1970 à 1986, il participe à nouveau à la « grande coalition » de 1986 à 2000, et, en 1992, son candidat Thomas Klestil est élu à la présidence de la République (réélu en 1998 avec 65 % des voix).

Au scrutin d'octobre 1999, l'ÖVP arrive à la troisième place, juste derrière (à 415 voix près) le parti libéral (FPÖ) de Jörg Haider. Après plusieurs tentatives restées infructueuses pour reconduire une coalition avec les sociaux-démocrates, Wolfgang Schüssel (président de l'ÖVP depuis 1995) se tourne alors vers le FPÖ et constitue avec ce dernier un gouvernement de coalition, dont l'investiture suscite la défiance internationale et vaut à Autriche d'être soumise à un isolement diplomatique de la part des membres de l'UE.

Grâce à sa victoire lors des élections législatives anticipées de novembre 2002 (42,3 % des suffrages) le parti conservateur retrouve son rang de premier parti d’Autriche qu’il avait perdu aux élections de 1970. La coalition avec le FPÖ (affaibli avec seulement 10 % des suffrages) est reconduite. Toutefois, amorcé à partir des élections provinciales de mars 2004, le recul de l'ÖVP se confirme lors du scrutin présidentiel de 2004 (remporté par le candidat social-démocrate Heinz Fischer contre Benita Ferrero-Waldner) puis lors des élections européennes (juin 2004), provinciales (2005) et législatives (2006) à l'issue desquelles l'ÖVP arrive en seconde position derrière le SPÖ.

À la suite de l'accord de « grande coalition » conclu en janvier 2007 avec le SPÖ, le vice-chancelier Wilhelm Molterer succède à W. Schüssel à la tête du parti. Les conservateurs, saisissant le prétexte d'un revirement eurosceptique et populiste de leur partenaire, quittent la coalition en juillet au terme de dix-huit mois de querelles. Les deux partis reforment cependant un gouvernement de grande coalition dirigé par le social-démocrate Werner Faymann en décembre 2008 à la suite des élections anticipées de septembre.

En recul dans plusieurs scrutins (législatives de 2008, européennes de 2009) depuis qu'il est dirigé par Josef Pröll (2008), l'ÖVP, éclaboussé par des affaires de corruption et en pleine crise d'identité, est placé sous la conduite de Michael Spindelegger (avril 2011-août 2014).

Ce dernier ne parvient cependant pas à enrayer l’érosion de la base électorale du parti qui, avec 24 % des voix en septembre 2013, obtient, tout comme les sociaux-démocrates, son plus mauvais résultat depuis sa fondation en 1945. M. Spindelegger devient vice-chancelier et ministre des Finances dans le nouveau gouvernement de coalition dirigé par W. Faymann en décembre.

À l’issue du premier tour de l’élection présidentielle d’avril-mai 2016, l’ÖVP subit le même sort que le SPÖ avec l’élimination de son candidat qui ne parvient à obtenir que 11 % des voix.

Conduit depuis mai 2017 par Sebastian Kurz, jeune dirigeant (31 ans) représentant l’aile droite des conservateurs, le parti récupère cependant aux élections législatives anticipées d’octobre 2017 en obtenant 31,5 % des voix. En tête de ce scrutin devant le SPÖ (26,9 %) et le FPÖ (26 %), le parti forme un gouvernement de coalition avec l’extrême droite en décembre.

Pour en savoir plus, voir l'article Autriche : vie politique depuis 1945.