test de Binet-Simon

Ce test, créé en 1905 par Alfred Binet et Théodore Simon, est la première échelle de mesure de l'intelligence.

Composé d'une série d'épreuves de difficulté croissante faisant appel au jugement, à la compréhension et au raisonnement, il rend compte de l'âge mental des enfants testés.

« L'échelle métrique de l'intelligence » est née à la suite d'une commande du ministère de l'Instruction publique qui souhaitait la mise en œuvre de méthodes objectives de dépistage de l'insuffisance intellectuelle et de la débilité mentale chez les enfants d'âge scolaire. En effet, l'école publique obligatoire de Jules Ferry avait montré que de nombreux enfants étaient incapables de suivre cet enseignement, ce qui rendait nécessaire la création de classes spécialisées. Le problème de l'orientation des enfants se posait.

Alfred Binet fut choisi pour créer l'instrument de cette orientation. Élève de Wundt et directeur du Laboratoire de psychologie expérimentale de la Sorbonne, il travaillait déjà sur l'évaluation de l'intelligence (Etude expérimentale de l'intelligence, 1903). La première mouture du test (1905) comporte des questions de difficulté progressive. Sur trente questions, l'« idiot » ne réussit que les six premières, l'« imbécile » va jusqu'à la douzième, et ainsi de suite.

En 1908, une nouvelle version de l'échelle métrique constitue un progrès décisif : en regroupant les questions par niveau d'âge on obtient un classement des enfants testés par rapport au résultat optimal d'un groupe d'enfants normaux d'un âge donné. C'est la notion d'âge mental. Ainsi un enfant de douze ans d'âge réel qui réussit à 100 % les questions correspondant à la classe d'âge de huit ans et ne va pas au-delà aura huit ans d'âge mental.

Excepté quelques perfectionnements dans la lecture des résultats, l'échelle de Binet-Simon se limitera à la détermination de l'âge mental. Son succès fut néanmoins considérable car c'était la première tentative opérationnelle d'évaluation du niveau global de développement mental. L'empirisme de Binet lui a évité le conformisme intellectuel qui aurait consisté à suivre à la lettre une théorie élémentariste de l'intelligence en vigueur à l'époque, et qui était une impasse. Il a élaboré des petits problèmes pratiques à soumettre aux enfants afin de mobiliser leur intelligence dans son ensemble. Pour Binet « l'intelligence est action ; elle tient en ces quatre mots : compréhension, invention, direction et censure » (1911).

Il n'en reste pas moins que l'échelle métrique comporte des paradoxes. Par exemple, si Binet voulait évaluer l'aptitude des enfants à acquérir des connaissances, et non pas ces connaissances elles-mêmes, il a cependant été obligé d'avoir recours à des items faisant appel à certains acquis.

Au-delà des paradoxes, on peut dire que Binet a fondé non seulement la pratique des tests mentaux, mais aussi une méthodologie qui a influencé toute la psychologie de l'enfant au cours du siècle. Depuis sa création, l'échelle de Binet-Simon a été largement utilisée et surtout beaucoup remaniée et perfectionnée. La notion de QI apportée par Stern dès 1912 en a beaucoup facilité l'utilisation. Aux USA, les psychologues Termann et Wechsler l'ont adaptée. En France, René Zazzo en a proposé une nouvelle révision en 1966 (NEMI).