soufisme

Derviches tourneurs
Derviches tourneurs

Règles et pratiques ascétiques et mystiques d'un ensemble d'écoles, de sectes et de confréries musulmanes.

Dans l'histoire de l'islam, le soufisme s'est très tôt opposé à la casuistique des théologiens, mais il n'en respecte pas moins scrupuleusement la loi. Les soufis ont élaboré une image intemporelle du Prophète. Ainsi, leur piété faite d'amour et de relation personnelle avec le divin est à l'origine d'un culte mystique intime de Mahomet et de son message. Les premières écoles soufis s'élaborent au ixe s. à Bassora et à Bagdad autour de maîtres réputés comme al-Djunayd et son disciple al-Halladj. À partir du xiie s. se répandent des confréries (tariqa) où les adeptes (murid), à la recherche de l'anéantissement en Dieu, sont guidés par un cheikh ou murchid dans la pratique du dhikr, qui est l'élément central du rituel soufi. Ainsi naissent notamment la Qadiriyya à Bagdad au xiie s., l'ordre des derviches mawlawi de Djalal al-Din Rumi à Konya au xiiie s., la Naqchbandiyya en Asie centrale au xive s., la Sanusiyya au xixe s. au Maghreb… Le maraboutisme, essentiellement présent en Afrique du Nord, représente un autre aspect du soufisme, mais la forme dominante en est constituée par les très nombreuses confréries qui jouent encore actuellement un rôle politique et religieux important.

Le sufi est le musulman qui pratique le tasawwuf, la mystique. À l'origine du soufisme, on place volontiers Hasan al-Basri, qui inaugura la « science des cœurs et de l'âme », et l'aventure exemplaire de Rabi'a al-Adawiya, femme de condition servile qui, affranchie, vécut au désert puis à Bassora à la fin du viiie s : sa conception de la vie spirituelle refuse aussi bien la peur de l'enfer que la récompense du paradis, et s'efforce d'atteindre à l'amour désintéressé de Dieu (« Oh, Seigneur ! si c'est la crainte de l'enfer qui me pousse à Te prier, jette-moi en enfer ; si c'est le désir du paradis, ne me laisse pas y entrer ; mais si je m'approche de Toi pour Toi seul, ne me cache pas Ta beauté éternelle. »). Une des différences essentielles entre soufisme et la démarche traditionnelle de la religion musulmane (où les prières rituelles ont leurs horaires et leurs limites fixés) est la liberté avec laquelle le fidèle entre en contact avec Dieu. La littérature a joué un grand rôle dans la diffusion du soufisme. Les romans et les poèmes qui évoquent les aventures des couples célèbres de Yusuf et Zulayka ou de Layla et Madjnun sont compris comme des allégories de l'aventure mystique de l'âme en quête de la divinité.